jeudi 30 décembre 2010

RANITA LA GRENOUILLE!


Yé vous présenté la toute nouvelle mascotte Aquadélique: RANITA la Grenouille.
Elle rejoint donc Roger le requin, Babette la tortue et Freddy LaBomba au panthéon des divinités aquatiques que vous pouvez prier quand vous êtes dans la merde et que votre buddy espionne une perchaude 100 mètres en arrière.

Viva Ranita!!!!

(P.S: Ranita est une création de Renée, dont les grenouilles en tous genres sont appelées par les initiés les Grenées.)

dimanche 26 décembre 2010

UNE OEUVRE D'ART ENGLOUTIE


1860.
Sa Royale Majesté Albert Edward, Prince de Wales et plus tard Edward VII, déscendit un jour du train à la station de Dickinson Landing Station, un des villages maintenant engloutis en Ontario.
Il venait descendre les rapides du St-Laurent en bateau à vapeur, comme il était fashionable de le faire en ces temps-là, pour le coup d'adrénaline et pour pouvoir le raconter ensuite en bonne société!
Son altesse s'étant enquéri de la raison d'appeler un si petit village du même nom que celui de son hameau voisin au bord du fleuve, les bonnes gens de la municipalité décidèrent de changer et de l'appeler désormais en l'honneur du prince; Wales.
 
Wales était donc en fait, une petite agglomération autour de la fière station du chemin de fer Grand Trunk Railroad, reconnue pour ses vergers, ses élevages de poulet ainsi que sa piste de courses de chevaux.
 
Et pour son magnifique pont ferroviaire en arches de pierres, joyau d'ingénierie moderne.
 
Mais vint un jour de 1958 où la petite gloire de Wales fut oubliée, quand les eaux de la Grande Inondation vinrent la recouvrir.
Tout fut détruit avant, comme pour les autres villages qui allaient faire place au grand Lac St-laurent. Les pommiers sciés ou arrachés, la tour des juges de la piste de course débâtie, les poulaillers rasés.
Et les gens expatriés.
Mais personne ne toucha au pont. À quoi bon? Il serait noyé sous les flots, avec la rivière Hoople qu'il enjambait...
 
Et il y est toujours, intact.
 
Nous nous sommes occupés (et amusés ) tout l'été passé à rechercher des ponts, d'abord dans les archives, puis sous l'eau, pour le simple mais intense plaisir de nager en-dessous! Des enfants, je vous dis! Quoique quels beaux monuments à l'histoire ils font, et généralement datés de surcroit!
Et c'est en cherchant l'un d'eux dans les livres que nous sommes tombés sur le Train Bridge, par hasard. Sur cette très belle aquarelle, en fait, tirée du livre d'Anne-Marie L.Shields ''Lost Villages Found Communities''
 

Il fut assez facile de deviner l'emplacement relatif du pont aujourd'hui. Mais l'hiver nous empêcha d'aller voir sur place, faute d'équippements adéquats, et nous dûmes remettre la visite au printemps.
Or, voila que tout récemment, Nick est tombé sur quelques renseignements supplémentaires! Voici donc des photos du pont, et son emplacement exact!






                                     

La 'baie' de Hoople, connue des plongeurs pour un autre pont, routier celui-là, n'est vraiment pas réputée pour sa visibilité! Mais avec un peu de chance, et si le pont n'est pas enseveli à moitié sous les sédiments, quelle beauté ce sera, dans le monde du silence...

Comme dit Aqualung: la vie est une série de petits ponts...

À venir bientôt en 2011 sur AQUADELIC: requins, falaises vers les abysses, fossiles de baleines, et une épave bien connue livre des secrets bien gardés...

jeudi 23 décembre 2010

PHOTOS D'HORREUR






Un ami plongeur, Gilles Décarie, de retour d'un voyage de plongée aux Bahamas, a rapporté ces extraordinaires photos d'un requin...sans aileron!
Survivant d'une tentative de lui couper les autres aussi, pour le commerce des ailerons de requin destinés aux restaurants où l'on sert cette horrible soupe dont il est l'ingrédient principal, et très recherché.

Images de la bêtise humaine.......BRAVO Gilles!

jeudi 18 novembre 2010

LE BUDDY




Il y a deux sortes de buddy de plongée.
D'abord, celui qu'on vous impose en vacances dans l'sud, qui s'appele Bob, sent le pina colada cheap, et vous sera aussi utile en cas de pépin au fond qu'une poupée Ken. Les anglais appelent çà un ''same day same ocean buddy''.
Puis, il y a le buddy que vous avez choisi, qui est devenu un buddy autant hors de l'eau que dedans, qui en cas de pépin sera là et agira. Celui-là est précieux.
La saison pour nous autres pauvres plongeurs en wetsuit-et ici le mot ''pauvre'' prend tous ses sens!-tire à sa fin. Ou du moins elle va sérieusement ralentir.
C'est le moment où je deviens sentimental un peu...
Alors voici un hommage à mes buddies de l'année, qui multiplient le déjà colossal plaisir que j'ai à jouer dans l'eau.


Jesse James
On n'a plongé ensemble qu'une fois, cette année. Mais je suis certain qu'on remettra çà en 2011. Merci JJ pour tes sourires lumineux en découvrant les attractions et l'eau bleue de la carrière Morrison. Pour tes ''pas'' de danse sous l'eau et ta grâce. Et pour m'avoir donné pendant quelques heures un peu de la joie que j'aurais eu à partager ma passion avec un fils.
Tu seras, et tu es déjà, un excellent plongeur, parce que tu as la générosité et la simplicité que la mer recherche dans ses élus.




Andres
C'est celui avec le masque! Andres est un instructeur au Centro de Buceo de Jibacoa, Cuba. Il mesure 34 pieds de haut et un peu moins de large, et sourit peu. C'est qu'il a une image de dur à cuire à entretenir. Mais sous l'eau, et quand vous avez gagné sa confiance, il est généreux et sensible. Quand Andres passe; les poissons locaux le saluent.
Et je le salue aussi. Merci hermano, pour m'avoir laissé passer de touriste à ta remorque à ami à tes côtés, et pour avoir vidé nos bouteilles ensemble.
Hasta la proxima.





Ron McDonald et les Seaway Valley Divers
Ouf!... Que dire de ce monsieur! Je l'ai déjà dit; il a tout mon respect, et mon admiration. Une expérience de plongée immense encadrée de l'humilité des très grands, une simplicité désarmante, et la générosité encore, celle surtout de ne pas être avare de cette vaste connaissance.
Merci Ron, pour tout ce que j'apprends à chaque fois, pour tout ce qui me reste à apprendre. Et un énorme merci aussi pour m'avoir accepté dans cette réelle famille que sont les Seaway Valley Divers.
Tous des plongeurs experimentés, passionnés, hyper-sympathiques, dont le sens de la confrérie et de l'entraide est exemplaire.
Un groupe à bien des égards comme celui que j'espérais avec Aquadelic.







Dominique.
Alias Gringo, Montezuma's Revenge, Monty.
Outre ses qualités de plongeur et de buddy émérite, Gringo est un spotteur de murènes de première classe, et n'hésite jamais à se lancer corps et âme dans une étude scientifique sur les effets du vodka-limon sur l'organisme, ou ceux des mélanges gazeux modernes sur la psyché du buceador.
Merci mon aquadélique ami pour ces escapades aux pays des Freddy LaBomba et des tartes au citron!
Pour ton délirant sens de l'humour. Pour tes cyber-conseils.
Et pour ta confiance.








Nick
Alias: Aqualung, Dude, Aquadude
 Je ne croyais pas rencontrer un jour quelqu'un qui soit aussi fou de l'eau que moi. Il l'est plus encore!...Mais que ce buddy toujours prêt à se mouiller soit aussi un des meilleurs êtres humains qu'il m'ait été donné de connaître; là, çà frise la bénédiction!
Nick est l'incarnation de la générosité et de la bonté. Il possède peu; le donnera sans hésiter. Il est un plongeur remarquable aux poumons légendaires, un éternel étudiant, un artiste de la flottabilité, un adepte de l'émerveillement.
Musicien de tous les instruments, ingénieur de son, il vous fera un sourire d'enfant 80 pieds sous l'eau à l'écoute d'un bateau-cargo qui passe dans la voie maritime.
À chaque plongée, il vous offrira un thé chaud, ou un chocolate chip de décompression, sous une tente chauffée!
Merci infiniment dude, pour ta patience avec un maniaque de photo, pour le thé et les biscuits, pour ton enthousiasme inébranlable à plonger et explorer.
Et merci par-dessus tout pour ton amitié...






Sylvain
Alias: Sly
Divemaster, rescue diver. Sly a suivi ces formations principalement pour une raison: accompagner son beau-frère qui ne peut plonger que sous la restriction d'être accompagné d'un maître de plongée, suite à un sévère accident. Alors côté générosité; i rest my case!
Superbe plongeur au contrôle parfait et au calme olympien, Sly est un autre passionné de l'eau. Et un autre être humain de top qualité. L'amour qu'il porte aux enfants, les siens comme ceux qui en ont besoin, le démontre bien.
Initiateur de la tente chauffée aquadélique Holydive Inn, et concepteur de la remorque de plongée qu'il est le seul à pouvoir reculer les yeux fermée d'une main et en calant un RedBull.
Merci pour ton amitié, ta compréhension, l'exemple que tu donnes avec tes fils.
Les études ne dureront pas éternellement mon chum; on replongera ensemble bientôt!

Blaise et Jeffrey
Deux personnes dont l'amitié est un honneur, parce que j'ai une admiration sans bornes pour le travail qu'ils font à préserver l'eau et ses habitants, pour leur persévérance à travailler dans une direction que le monde insensé s'acharne à ne pas voir, à nier, à détruire.
Deux amis, avec qui j'ai enfin pu plonger cette année, ce que j'entend bien renouveler s'ils m'en accordent le privilège.

Nicole
Alias Nikkie
Suprême buddy; Nik est celle qui endure cette dévorante passion de l'eau chez son chum excessif, rêveur et éternel ado. C'est aussi celle qui me montre toute la vie qu'il y a à voir dans 2 pieds d'eau, celle qui trouve les pouponnières de poissons et les bébés-murène. Celle qui partage la passion des voyages, celle qui croit en moi quand moi je n'y crois plus, celle qui sait s'émerveiller et s'émouvoir. Celle pour qui j'espère être la moitié de celui qu'elle mérite, parce qu'elle est parmi les meilleurs êtres humains que j'aurai connus.
Merci...
Et à tous ceux que je n'ai pas pu voir ou revoir sous l'eau cette année, Aquadéliques ou non, j'espère vraiment avoir cette joie dans celle qui vient, et que la vie vous soit assez douce pour vous en accorder le temps.

mercredi 10 novembre 2010

Le Crapet Et Moi


Le crapet et moi


Je flotte en parfaite suspension dans l’eau noire. Au-dessus brille un croissant de lune mouvant, ondoyant sur la surface agitée d’une brise tardive. Je n’ai qu’à donner de temps en temps un léger coup de palme pour rester en place, deux pieds au-dessus du fond.
Et je savoure ce vol contrôlé, cette apesanteur enivrante…

Un crapet de roche frôle le gravier, immobile lui aussi sous mon visage. Ses nageoires pectorales vibrent étrangement et son corps est parcouru de frissons. Ses grands yeux rouges ont sous l’éclairage de ma lampe une expression hypnotisée, éberluée, vulnérable.
Je ne comprends pas ce qu’il fait là, hors de sa cachette habituelle dans l’épave, alors que rôdent les grands brochets.

Mais il est sous ma protection.

Les crapets de roche ne sont pas glamour. Ils ne sont pas de redoutables prédateurs, des combattants renommés, n’ont même pas les habits colorés de leurs cousins soleils. Ils ne sont ni petits ni gros, ni appâts ni trophées.
Les crapets de roche ne sont rien.
Et pourtant ils sont partout. Nombreux. Et toujours là à agrémenter les épaves pour les plongeurs quand les grands poissons importants n’y sont pas.
Ils sont le peuple, les travailleurs, monsieur-tout-le-monde, les gens ordinaires des profondeurs.

Il vibre moins, se calme, s’habitue au bruit de mes bulles. Et nous devenons des compagnons dans le noir, faces tous deux au faible courant, nous regardons droit devant dans le soir liquide.

J’ai la tête pleine du vacarme des soucis, des peurs, des insécurités qui me tourmentent devant l’imminence de grands changements. Mais je ne peux plus les reporter. Je n’ai plus le temps. Il faut provoquer la crise, opportunité de changement, il faut sauter dans le vide ou mourir ici, m’endormir pour de bon dans le sommeil réconfortant de la stagnation.
Je crève de peur. Quand on approche assez de l’ouragan, il vous déshabille de la bravade des mots, de l’armure de papier des résolutions clamées bien haut pour l’oreille des autres alors que murmurent en nous le doute.

Je me sens comme mon ami là sous moi, fragile et vulnérable, et je réalise que bien peu de choses nous séparent en réalité quand on considère plutôt que notre petit monde individuel la grande réalité de la rivière.

Malgré ma prétention, ma conscience et ma croyance d’en être le seul dépositaire, malgré la force de mes bras et de mes jambes, malgré toute la technologie dont je me suis armé, je suis une petite étincelle dans le vent, aussi aisément soufflée qu’une autre, aussi fugace que celle de mon ami aux yeux rouges.

Le crapet vibre à nouveau et son corps est agité de soubresauts. Puis il se calme.
Il me ramène à notre réalité commune, la rivière, l’eau qui passe froide sur mon visage pour disparaitre dans la nuit derrière moi.

Je ferme les yeux un moment et imagine que transpirent hors de ma peau de néoprène toutes mes terreurs. Pour être déchirées en lambeaux et emportées par les flots comme la vieille peau des épaves devant la caresse des siècles.

Le fleuve me lave.

Il me semble que le crapet me regarde du coin de son œil rouge. Comme s’il me voyait différemment.

Avec une infinie tendresse, sachant que c’est moi que je veux toucher autant que lui, j’approche lentement la main, les doigts tendus. Et plus je m’approche et plus il reste là; plus je suis envahi d’émerveillement et de complicité. Et enfin, mon ami se laisse caresser. Je sens très bien son corps relâché, qui s’incline un peu sous le contact et revient résilient quand je reprends le mouvement.

Je cesse de palmer et je regarde le crapet s’éloigner doucement. Accepter le courant et s’y abandonner, c’est aussi avancer, pour qui est fils de la rivière.

Merci mon ami. Tu n’as rien d’ordinaire.

lundi 8 novembre 2010

LE BINÔME. MOUAAAHAHAHAHAH!!!!!

Chu pas capable d'entendre le mot binôme!
Me semble que çà sonne comme une maladie grave...Les nerfs me frisent quand j'entend l'mot.

Faut savoir, cher public non-plongeur, que beaucoup d'hommes-grenouilles francophones utilisent ce terme pour désigner leur compagnon de plongée, qu'impose la sacro-sainte loi dictant de ne pas plonger seul, fût-ce au prix de se retrouver avec une source d'aide, en cas d'urgence sous-marine, aussi efficace qu'une porte pas d'poignée...

Faque; mû par une soudaine inspiration, je fouille le dico pour aller voir la définition de l'hideux palabre...

Bin vinyenne!!! Quelle n'est pas ma profonde stupéfaction doublée de joie presque malsaine de constater que le mot est totalement inexact dans ce contexte!!!!!!!!!

-''BINÔME: Polynôme composé de deux termes, ceux-ci étant des monômes de degrés ou de variables différents.
Fam: Ensemble constitué de deux éléments, de deux personnes considérés en bloc.''

Le binôme est donc les deux hurluberlus analphabètes, et non pas l'un des deux pour l'autre!
Vous devrez désormais appeler votre buddy, si vous êtes anglophobe, votre monôme!!! (et non pas ''mon homme'', qui sonne similaire mais sied peu par exemple au tandems féminins ou d'orientation incertaine.)
Esti; j'veux entendre çà à Morrison au prochain colloque DIR !!!

Donc, chers lecteurs estomaqués et admirateurs, à vos neurones; il faut revoir notre scubalexique et  trouver un terme qui soit non seulement exact et descriptif, mais qui soit aussi phonétiquement agréable et n'évoque pas quelque malaise terminal.

Genre: chum, ami, copain, compagnon. Restons simples bordel, et considérons qu'on est juste des grands enfants qui jouent dans l'eau et qui aiment encore çà s'habiller en super-héros.

Aaaahhhhh..........moi qui trouvait la journée ordinaire...!


jeudi 4 novembre 2010

PETITS PONTS et PETE'S BLUES


La belle journée hier!!!...
Je rejoins Nick à Farran Park pour y plonger peut-être pour la dernière fois cette année, les Dieux de la Plouffe ayant décrété qu'il me fallait une nouvelle transmission plutôt qu'un drysuit...
M'enfin...
Faisait quand même super beau, et on en a profité au max, de l'eau bien chaude versée dans nos wets entre les plongées.
Un des buts visés hier, à part le fait de jouer dans l'eau comme des gamins ce qui au fond(!) est le plus important, était d'essayer de trouver un troisième pont-tunnel dans la baie du Lock 22, que l'on croyait deviner sur de vieilles photos aériennes.


L'eau qui épaissit de froid offre par endroits de belles visibilités. Cool.



Un muret de glaise, vers les trente pieds, parsemé de ces petits trous en forme de bouts de clés anciennes, dont je n'ai toujours pas trouvé l'origine...Bien intriguant...Mais très beau aussi!



Ici et là, les vestiges de poteaux et de piquets, émergeants de l''épaisse couche de sédiments.



Et paf! On tombe sur cette très étrange structure, d'une dizaine de pieds de hauteur. Nous comprenons bientôt qu'il s'agit d'un méga-ancrage pour une prise d'eau par un tuyau vers Farran Park. Mais le tuyau n'est depuis longtemps plus en fonction, et à l'époque de la construction de ce machin; Farran Park n'était pas Farran Park!
Mystère...



Un contre-courant assez fort, un peu plus loin, charriant débris et sédiments, réduit la viz de beaucoup et l'eau se teinte de jaune, suggérant le passage des eaux différentes d'une rivière maintenant sous-marine. Une pente assez forte, un virage, et voila le tunnel!



Il est magnifique. Et super long! Je dirais une centaine de pieds facilement entre les deux ouvertures, offrant une pénétration fascinante. Quel étrange sensation que de voler dans le noir puis de voir grossir tranquillement ce petit carré vert là-bas, jusqu'à ressortir dans le jour accompagné des crapets résidants!



L'expérience des autres pont-tunnels découverts cet automne nous dicte de creuser dans les débris accumulés par les années du côté du large, sur le rebord du pont, pour y chercher l'inévitable inscription.
1920, comme les deux premiers. Mais celui-ci est de loin le plus intéressant.



Deux autres plongées, et une dernière qui se fait presque toute de nuit, agrémentée de la sortie d'on-ne-sait-où de dizaines de grosses perchaudes qui se laissent presque flatter, et de petits ménés bleu-verts sous le film de la surface...
.
Il y a une bin cool satisfaction à chercher et trouver en plongée des trucs repérés auparavant sur les anciens documents. Ce sont de petites victoires, de petits accomplissements qui ''replacent'' un peu de toutes les circonstances que la vie apporte qu'il n'est pas possible de contrôler et qui sont parfois difficiles...
Le blues aussi, dans ces cas-là, çà r'place!
Et il y a sur le chemin du retour, à l'Ile Perrot, juste avant le pont de Ste-Anne derrière le Dairy Queen, un resto-bar blues que les vrais amateurs connaissent bien. Il vaut le détour, pour le blues live à tous les soirs, et pour les meilleurs smoked-meat au nord du Rio Grande.
Je ne blague pas.
Çà s'appele ''PETE'S SMOKED MEAT''. Arrêtez y au retour de vos plongées en Ontario.

Sur la photo, à gauche, à la guitare, c'est Pete lui-même.
Oh yeahhhhh...........

mercredi 20 octobre 2010

HALLOWEEN AU LOCK


El sais!!! On est rien qu'le 20 octobre, c'est pas encore l'Halloween. Ouin pis. Le Lock 22 sera fermé pour l'hiver ce dimanche.
Hier j'avais le lieu, le temps, pis le cucurbitacé, faque le shoot ''Halloween'', c'était hier!
Et qu'est-ce qu'on s'est bidonné!!!!!
(Sly; on a pensé à toi, comme chaque fois. On sera là quand tu pourras!)











Edgar  sur la tablette de l'entrée de la chambre secrète du Lock 22. Assez content de celle-là! Je voulais une ambiance vraiment Halloween; ce savoureux mélange de peur, de doute, d'ironie, d'humour et de macabre...
Je pense que derrière Edgar, dans l'ombre de la chambre de pierre engloutie, des habitants du village noyé se pressent de chaque côté de l'ouverture et la peau en lambeaux flottants de leurs visages frémit avec leur excitation devant la perspective de visiteurs.
Si long entre chaque automne, si noir et silencieux quand les glaces craquent en haut...
Un soir seulement pour eux; un soir où le voile s'amenuise jusqu'à devenir aussi fragile qu'une toile d'araignée, entre le monde du dessus et celui d'ici, vert et noir et gris, et oublié...







Venez...



Suivez la lumière...



Tentative de me déguiser en flammand rose sous-marin.
Me semble que les achigans doivent être cheap pour les bonbons.......







Je vous laisse sur la Traditionelle Corona Post-Dive, additionnée d'un peu de cyanure et de curare.
Dans 10 jours; venez plonger au Lock 22, de nuit.
Mais avant de partir, embrassez vos bien-aimés et serrez-les forts contre vous. Vous ne le pourrez peut-être plus, quand Edgar et ses amis vous auront invités à leur Grand Bal.
Vous verrez; vous en mourrez de plaisir...

dimanche 17 octobre 2010

Hors du temps...

Un ancien ruisseau, devenu rivière sous-marine, teinte l'eau de jaune et descend sur ma droite vers les profondeurs sombres et vertes.
Nous trouvons l'escalier quelques mètres plus loin, au haut du flanc nord du fossé qu'il avait creusé jadis au haut de la colline maintenant submergée. Sur les anciennes photographies, il est bien visible, à l'ombre des grands ormes, menant en bas à la cabane de l'éclusier. J'étais donc certain qu'il serait de pierre, comme le premier plus à l'ouest. Mais il est de bois, du moins ce qu'il en reste...



Nous l'empruntons, flottant un peu au-dessus, et les achigans nous abandonnent alors que nous descendons vers l'écluse et que s'installent silence et lourdeur dans le crépuscule éternel du vieux canal. La lumière ne pénètre plus ici comme elle le fait en haut, dansant sans cesse de ses rayons comme si elle avait perdu quelque chose. Dans le lock, le jour est une vague lueur glauque loin au-dessus, qu'on oublie bientôt quand le chant bas et litanique des passés oubliés essaie de vous séduire pour que vous restiez...

Il y a une épave quelque part près d'ici, dit-on en haut. Nous descendons encore, lentement, vers le lit du canal, aux pieds des hauts murs de moellons démesurés déposés sur des cageux ancestraux.



Et nous nous laissons dériver en apesanteur dans l'obscurité.
Je vole sans mouvements au-dessus de l'accumulation séculaire de sédiments gris comme la mémoire malade, et je vois derrière moi quelques fois, quand je m'en approche trop, lever sous mes palmes de petits vortex noirs, comme des gobelins cherchant à m'aspirer.

Dans le mur, sur ma gauche, apparait soudainement un lambeau de nuit.
Une grande ouverture s'y découpe et brille au fond un oeil vert qui ne cille pas.





À quoi servait cette chambre et sa petite fenêtre unique, toute au fond?...Elle est emplie de joncs et de plantes aquatiques déracinées que le courant emporte constamment. Elle est aussi emplie de danger, et la poutre que je touche bouge facilement; tout cherche à s'écrouler.
Je recule, et suis repris par les eaux du canal qui continuent leur procession au pays des ombres.

D'autres ouvertures défilent lentement et le rythme hallucinant des clins d'oeil noirs me rappele un cauchemar qui me hantait souvent petit. Ou une succession d'alcôves sombres dans le corridor rétrécissant d'un temple égyptien psalmodiait l'incantation mortelle de ma mise à mort par un prêtre tyranique...

Toutes sont emplies de forêts denses de plantes noires, et toutes menacent de s'effondrer à tout moment.
Certaines ont commencé...


Et sont devenues le mausolée de monolithes écroulés, tombeaux de géants endormis couverts de la poussière du temps liquide, agonisants sous le regard blafard d'horloges sans aiguilles, de jours et de nuits que l'indifférence des profondeurs dissocie.
Et je dérive toujours, et l'image de mon partenaire flottant un peu plus haut devient intermittente et imprécise alors que cette poussière m'enlise aussi. Et je me surprend à imaginer que je n'aurai aucun souvenir de tout ceci, que si je quitte ce monde, il effacera de ma mémoire ce que j'y aurai vu...


Et soudain apparaissent les gardiens. D'abord comme une ombre dans l'ombre, comme émergent d'une symphonie les voix des barytons, ils apparaissent alors que le courant ralentit et s'immobilise presque.
Je suis entouré de dizaines de piliers géants, colones de bois massives hérissées en tous sens, forêt de troncs sans branches dans lesquels des noeuds protubérants dessinent des visages hurlants le silence d'éternelles solitudes froides.
Qui sont-ils? Pourquoi sont-ils là? Qu'est-ce qu'ils font?
Redressé entre deux eaux, je pivote sur moi-même comme assomé du chant de ces orants engloutis, et je descend sans m'en rendre compte sous le poids de leur regards, halluciné, ébahi.






Quand je reprend mon souffle, et un peu de mes esprits, je ne peux plus bouger. Et quelque chose lentement me tire vers le bas, dans le noir. Et je vois au bout de mon regard, devant moi, couché sur le lit des débris de plantes entremêlées dans lequel je m'enfonce, un grand maskinongé immobile.
Les yeux de mon âme, eux, voient tourner le coin d'un ruelle en ruines l'étalon fou, noir et hénissant de l'épouvante, bave et crinière au vent.

Chaque coup de palme semble m'emmêler un peu plus, et le goût de mon air devient acide.
Le maskinongé décolle comme une fusée d'une seule pulsion de tout son corps.
Et je décide de le suivre. À coups de corps entier, ondulant en même temps que je gonfle ma veste, les grandes herbes décrochent et me libèrent comme à regret.

Le cheval se calme et se tait...

Mais le temps d'en haut a fait son oeuvre. Deux heures ont passé, la fatigue s'installe, avec elle le froid.
Il faut remonter. Quitter pour un moment la mystérieuse magie noire du vieux lock.
Loch...Deadlock...

Et durant la longue remontée vers là ou la lumière sait danser, il me semble l'entendre murmurer:
''Et l'épave...Sais-tu où elle était l'épave?...À quoi crois-tu que s'accrochaient toutes ces plantes dont tu t'es échappé?...''

mercredi 13 octobre 2010

LOCK 22

J'adore le Lock 22.
De toutes les écluses englouties des Lost Villages en Ontario -la 20 que je n'ai pas encore plongée mise à part-c'est ma préférée.
Avec son mur nord-ouest d'un mille de long, le lock 22 est immense. C'est une écluse double, complexe, assez profonde avec son plancher à près de soixante pieds, des portes intactes fascinantes et des caractéristiques uniques et parfaitement conservées, quelques 150 ans après sa construction.
Les courants y sont en surface très violents par endroits, mais raisonables plus bas.
Tout-de-même; ajoutés à la longueur de la structure principale et la profondeur; ils commandent le respect et l'écluse 22 ne devrait pas être abordée à la légère.
La boussole y est indispensable(elle l'est de toute façon partout, il me semble!), les courants étants déviés souvent par les structures et par le fait même peu fiables comme orienteurs.
À moins de s'en tenir aux parties en amont des structures principales; les doubles cylindres ou les stages deviennent vite souhaitables, voire nécéssaires pour l'exploration complète du canal ouest d'un mille de long.

Vous trouverez, si la plongée sur l'écluse vous intéresse, plein d'infos sur SCUBAPEDIA.

Voici quelques photos en rafale. Encore moins que d'habitude, je n'ai ''corrigé'' la teinte verte. Premièrement parce que c'est ainsi qu'on voit les choses là comme presque partout au Québec(ou en Ontario!), et deuzio parce que le côté dramatique de l'endroit est conservé. Certaines sont fortement jaunies; c'est que deux rivières sous-marines aboutissent dans la baie de Farran's Point et que les eaux qu'elles amènent des campagnes environnantes sont de cette étrange couleur...



Une des grandes portes



Une section des planchers en aval



Cette pi`ce de bois moulurée servait de ''pas'' aux portes lors de leur fermeture



Le grand escalier menant au canal




Lors de l'inondation de 1958, tous les arbres durent etre coupés


En suivant le long mur ouest, la visibilité raccourcit beaucoup et les eaux se teintent de jaune alors que la profondeur augmente





De très vieilles constructions en cageux, du côté ouest du grand canal


Dans ces eaux sombres et embrouillées; une bonne carte n'est pas superflue!!!



Vus de l'intérieur de la caverne formée par l'accumulation de sédiments sous un pont de l'ancienne route 2, les joncs forment une longue frange qui en cache l'ouverture aux yeux de tous, sauf les carpes locales énormes.



1920-construction des ponts. Bientôt cent ans!


Sur les murs du lock; des colonies d'éponges attrapent au passage des forts courants qui les sculptent les nutriments dont elles se nourrissent


Quelques planches arrachées (par des plongeurs???!!!) révèlent un espace sous le plancher ou se réfugient les crapets peureux et les chevaliers nettoyeurs



Une structure en cageux, près de la pente sud-est descendant vers la ''vieille rivière'', à près de 80 pieds, par endroits, maintenant la voie maritime


Les achigans toujours entreprenants et territoriaux!


Une toute petite barbotte, établie dans l'obscurité totale d'une chambre de transfert d'eau entre les deux écluses



...chambre abritant aussi une petite population de crevettes rouges-sang -Hémimysis Anomala-...la voyez-vous?!


Dans les pentes rocheuses, les bancs de dorés patrouillent.



Au sanctuaire d'oiseaux de Upper Canada et sur la pointe de Farran, les chevreuils côtoient les outardes et les dindons, profitant des derniers rayons chauds de la saison.

Petite anecdote concernant le village englouti de Farran's Point:
En septembre 1944, le 5 précisément, eut lieu dans la région de Cornwall un tremblement de terre assez violent. L'épicentre fut localisé sous le fleuve entre Massena aux USA et Farran's Point en Ontario, en se basant entre autre sur des observations et photographies des monuments de cimetière des deux localités. Les stèles funéraires américaines avaient été tournées par les secousses dans le sens des aiguilles d'une montre. Celles de Farran's Point, dans le sens contraire!