jeudi 31 décembre 2015

RÉTRO 2015


J'ai moins plongé cette année (un peu!). Sais pas trop pourquoi...Ça adonné d'même, dirait-on.
Et j'ai moins écrit ici, ça c'est sûr.

Ceci dit: c'est quand même la 8eme année d'existence du blog AQUADELIC qui se termine!!!
392 billets publiés! C'est pas rien!

Mais il y avait moins de choses inusitées à raconter cette année,  beaucoup de plongées d'exploration -elles le sont presque toutes maintenant: je ne conçois plus la plongée autrement, à part celles qu'on fait juste pour savourer d'être au fond...

Pas de découvertes majeures, pas de poteries anciennes!
Mais des observations géologiques passionnantes, qui donneront lieu en 2016 à quelques projets intéressants.

2015 avait commencé par le constat de choses à réparer sur Morry, le requin de Morrison. Le câble était en très mauvais état aussi.
Avec les boys, dont Sylvain Bolduc et Jacques Lech, nous l'avons donc remonté et sorti de l'eau pour le ramener à l'atelier et lui refaire une beauté.
L'histoire complète sera publiée dans le prochain numéro de la revue En Profondeur.










Puis, profitant des eaux froides du dégel et des visibilités excellentes qu'elles apportent, Dominique Gringo Bernier et moi avons documenté une des plus belles falaises sous-marines que nous ayions vues.


...Exhibant des formations de marbres et des inclusions aux formes incroyables, souvenirs de leur métamorphoses dans la croûte terrestre il y a environ un milliard d'années!
Hallucinant...
Flotter entre deux eaux devant ces merveilles et essayer de concevoir leur âge, nous qui ne pouvons prétendre à plus d'un siècle, c'est une expérience rare et précieuse et une leçon d'humilité grave...








Retour sur nos découvertes de poteries amérindiennes englouties; c'est cette année que Richard Lahaie a terminé son court documentaire sur cette aventure: Plonger Dans L'Histoire. Sa vidéo a été sélectionnée pour le festival du film archéologique de Narbonne en France.
Vous pouvez la revoir sur NEPTEAU.TV en cliquant sur l'image.

Vous pourrez aussi lire dans En Profondeur bientôt un portrait de Richard, plongeur et réalisateur, récipiendaire de plusieurs Gémeaux, et chic type!

Et un des vases amérindiens trouvés sera montré dans l'exposition Fragments D'Humanité au musée de Pointe-À-Callière en février prochain.




Puis, Tobermory.......
Depuis le temps que j'en entendais parler! Jacques Lech et Andrée Richard nous y ont emmenés, Nikkie et moi.
Dire que j'ai aimé, adoré, est évidemment insuffisant.
Jack appelle l'endroit les Caraïbes Du Nord. Il a bien raison.
Épaves hallucinantes, visibilités parfaites, eau bleue, thermocline profonde..........le paradis.

On y retournera c'est absolument certain. Et cette fois: on explore!



Mario Leblond



Bruno The Pit Lech



L'ancre du Wetmore



Jack Fellini Lech



Remontée vers le Mako 1



Isabelle Barrette



Le Forest City...Désormais dans mon top 5 des épaves.



Eric Boulanger



Nous cherchions au lac depuis trois ans ce vieux véhicule que nous croyions être un Ford T, qui s'est avéré être un Studebaker.
Nous connaissions l'histoire de son naufrage, mais les indications quant au lieu exact étaient assez contradictoires!
Avec l'aide de M. Yves Castonguay, nous sommes enfin parvenus à le localiser et à en tirer quelques clichés.
Beau moment pour nous, et spécialement pour Gringo, qui l'a trouvé!

Photos: Jacques Lech









Tournage en juillet d'un documentaire sur le GEERG et le requin du Groenland, à Baie-Comeau.
De belles plongées encore, dans les eaux glaciales de la Côte-Nord.






Il y a eu d'autres belles sorties aussi...

Quelques mercredis d'exploration au fleuve avec les potes de Seaway Valley Divers.

Une fascinante plongée avec Serge Larochelle et Claude Bureau pour aller au fond de la mine Backmine déposer des fleurs de plastique et une plaque en l'honneur de l'explorateur John Reekie, mort cette année. Belle idée, Serge. Et merci.











Le Jodrey encore, que Gringo et moi avons réussi à ne pas trouver cette fois!
Et le perfectionnement subséquent de la recette de la vodka-limon!

Une collecte de spécimens avec Richard Savignac pour le biodôme, au vieux quai de Godbout. Superbe plongée aussi!

Des dérives ultra fasts en rivière et l'invention du scuba-grappin!

Ben...finalement, ça a été assez actif encore cette année!
Et il y a plein de belles promesses pour 2016...

Merci beaucoup à mes scubapotes réguliers: Jack et Gringo, Andrée et The Pit! Et Mr.Pix., et à ceux que j'ai moins vus cette année. À charge de revanche en 2016!


Merci infiniment à Eric et la gang fantastique de chez NEPTEAU, pour tout.




                                                                           PEACE

jeudi 5 novembre 2015

STUDEBAKER




Roland n’en revenait jamais.

Debout près de la truie qui irradiait une bienfaisante chaleur, il regardait Hilaire Tassé le lumberjack se préparer le même petit déjeuner qu’à tous les matins au campe.
Au centre de sa dish, il avait déposé une tarte aux raisins entière. Il était maintenant occupé à l’ensevelir entièrement de fèves au lard.
Qu’il arrosait ensuite copieusement de sirop de blé d’inde.

Ce faisant, sourire aux lèvres et l’air concentré, il s’éclaircissait la gorge en émettant de petits rugissements, signe qu’il avait débuté son rituel matinal comme d’habitude, en sifflant quelques bonnes lampées de whisky blanc.

Puis, le colosse entreprenait d’engouffrer avec un évident plaisir ce plat qui l’aurait certainement tué s’il ne travaillait pas ensuite toute la journée dans le bois à bûcher comme trois hommes!

Tassé se permit même double dose de sirop ce jour-là. Il y avait matière à célébrer : on fermait le camp pour les fêtes!
On ne finirait même pas la journée. Le mauvais temps se levait, la tempête de neige arrivait.
On serait à la maison avec en masse de temps pour se préparer au réveillon de Noël, mais ce serait quand même un voyage dur et froid.

Malgré que le lac ait gelé tard cette année, Henri Brin était monté sur le chemin de glace avec son Studebaker Erskine, les chaines aux roues arrière et des skis à la place de celles d’en avant, pour ramener les gars au village.
Son neveu et un ami conduiraient les deux times de chevaux du camp avec du matériel et d’autres hommes sur les sleighs.

Après le petit déjeuner, pendant que les gars préparaient leur sac, Roland aida le cook à tout ranger.
Un jour, bientôt, il serait bûcheron aussi, comme eux. Mais pour l’instant, ses 15 ans ne lui permettaient que d’aider à la cookerie, faire le ménage, et chauffer l’campe.

-Tu penses-tu que j’va pouvoir rider avec M.Brin dans le char?,
demanda-t-il à son patron.

-M’étonnerait bin, mon Ti-coq Charrette! Brin va être loadé pas mal!
Tu viendras avec nous autres sua time, ça va quasiment aussi vite!


Il fallut encore près d’une heure pour achever les préparatifs.
Roland avait cessé d’alimenter le poêle à bois, et le froid avait vite fait son chemin entre les planches mal jointées des murs.
Dehors, le vent soufflait fort, et la neige tournoyait entre les épinettes, trouvant et comblant les cachettes sous les branches basses.

Après les salutations, les ‘’joyeuses fêtes’’, les grandes tapes dans le dos et quelques lampées de whisky avec une rouleuse, certains partirent en skis ou en raquettes vers le sud-ouest. Leur route serait longue vers Harrington, ou même Lachute.
Et la gang du Lac-Des-Seize-Iles se mit enfin en route aussi, vers le nord.
Un mille de marche avant d’arriver au pied du lac, où Brin et son neveu attendaient.

Quand ils furent à la décharge, la neige passait à l’horizontale et on n’y voyait pas à plus de cinquante pieds sur le grand désert glacé.

Monsieur Brin et le neveu fumaient dans le Stud à l’abri, et la fumée de leurs cigarettes simulait dans l’automobile la tempête blanche du dehors.

Il y avait déjà plusieurs pouces de neige sur le toit que la chaleur bien insuffisante de la cabine n’arrivait pas à faire fondre.
À côté, les grands percherons se secouaient la crinière négligemment, comme si le mauvais temps n’était pas plus ennuyant qu’une mouche à chevreuil.

Roland, comme l’avait prédit le cook, ne put prendre place dans la machine et monta dans un des traîneaux tirés par les chevaux.
Il se couvrit aussi vite que possible de couvertures et de fourrures, jusqu’à être complètement enfirouappé, comme disaient les vieux en déformant le ‘’in fur wrapped’’ des anglais.

Bientôt, la caravane des travailleurs de la forêt se mit en branle en direction de la grande île, le Studebaker ouvrant la voie et traînant dans son sillage deux hommes à skis attachés au véhicule par de longues cordes.
Entre les bourrasques blanches qui courraient sur le lac, Roland pouvait apercevoir de temps en temps des patches noires de glace libre.
On était bien loin de l’eau bleue des glorieux après-midi d’été, quand il ramait torse nu la vieille chaloupe à fond plat du père, pour aller vendre des légumes du jardin aux lakers, les riches anglais qui habitaient les îles et les rives du Sixteen Islands Lake.

Passé la plus grande des îles jumelles des Narrows, le chemin de glace montait franc nord vers l’ile Kuzik en longeant de près la rive ouest.
On ne s’en écartait un peu que pour contourner un haut-fond où la glace était traitresse, et où un gars de Laurel avait bien failli perdre ses chevaux quelques années auparavant. Il avait réussi à les détacher mais la sleigh et son chargement de bois et d’outils avaient coulés.

Ils arrivèrent bientôt, au tiers du voyage environ, à hauteur de la pointe de l’Île aux Bleuets. Un îlot à peine, tout près de la rive, ses quelques arbres dénudés fouettés par les vents.

Devant la sleigh du cook, M. Brin dans le Studebaker sembla s’arrêter.
Les chevaux en firent autant, piétinant sur place et hennissant nerveusement. Quelque chose n’allait pas…
Roland descendit du traîneau et courut devant voir ce qui arrivait.
Les deux hommes sur leurs skis se détachaient fébrilement, et le chauffeur et les occupants bondissaient en dehors du véhicule.
Autour de la Stud, la neige prenait lentement la couleur de l’étain en une tache grandissante.

De l’eau. La glace avait cédé.

Les hommes tentèrent de glisser sous le véhicule des branches et des planches trouvées au bord, mais ne réussirent qu’à retarder l’inévitable de quelques minutes. La glace était beaucoup trop mince.

Le Studebaker glissa lentement dans l’eau noire, par l’arrière, et s’arrêta deux fois un court moment, comme s’il tentait de s’accrocher, avant de disparaître sans bruit.

Roland fut extirpé de l’hypnotisante vision par les cris de M. Brin et courut avec les hommes vers les deux times de chevaux.
Si la glace n’avait pu supporter le poids de l’automobile, elle n’allait certainement pas endurer celui des bêtes attelées!

Les traîneaux firent demi-tour en un éclair, comme si les animaux comprenaient l’urgence et le danger.
On n’allait pas pouvoir passer par le lac aujourd’hui , c’était clair. Il fallait retourner au sud, pousser jusqu’à Laurel et faire le grand détour.

Les hommes à skis  décidèrent eux de braver la glace. Ils étaient tous d’accord : la machine avec ses chaines sur les roues et ses lourds skis de métal avait dû affaiblir le chemin en montant au matin. Mais la glace supporterait sûrement un homme.
Quoi qu’il en soit, sous cette bravoure ou cette insolence affichée, un doute devait persister, puisque les skieurs empruntèrent tout-de-même un chemin un peu plus près de la rive!

Ce soir-là, veille de Noel 1940, il coula un peu plus de whisky et de caribou que de coutume au village.
Plusieurs trinquèrent pour colorer un peu le récit de l’aventure, et monsieur Brin pour noyer la peine de sa perte…
Même Roland eut droit à un peu de vin sucré. Les péripéties de la journée partagées avec les lumberjacks avaient en quelque sorte confirmé son appartenance à leur grande famille.

Et pendant que tous réveillonnaient et fêtaient bruyamment, quelque part dans le monde obscur et glacé des profondeurs du lac, le nuage de sédiments qui s’était levé quand le Studebaker Erskine 1929 avait touché le fond achevait de se déposer.
La machine de M. Brin avait dévalé du derrière une forte pente et s’était arrêtée tout à côté d’une falaise sous-marine.
À cette profondeur, il y avait les jours de grand soleil tout juste assez de lumière vers le haut de la pente pour deviner qu’il existait autre chose que ce monde de ténèbres silencieuses et froides.

Le Stud ne remonterait jamais.

Mais les deux grands yeux écarquillés de ses phares guetteraient désormais sans cesse cette faible lueur.
Peut-être viendrait-il quelqu’un, un jour…

_____________________


Monsieur Roland Charrette m’a raconté l’histoire de cette journée de ses quinze ans quelques soixante-quinze années plus tard, sur le coin de sa table de cuisine.
Il s’en rappelle très bien, comme il se rappelle de maintes aventures au lac, qu’il n’a jamais quitté.
Il est le seul survivant des personnages de l’histoire.

Le Studebaker 1929 fut d’abord découvert dans les années 80 par une équipe de plongeurs locaux, dont monsieur Yves Castonguay, qui nous aida grandement à le retrouver à notre tour, il y a un mois environ.


Merci beaucoup messieurs…

Les photos suivantes sont de Jacques Lech
(Voyez-en plus sur: https://www.flickr.com/photos/60680184@N06/ )






































mardi 18 août 2015

GOSSAGE DE MATOS (billet platement technique à l'usage des maniaques)



J'ADORE jouer avec mes jouets.
De plongée, bien sûr.
Ce que les anglais appellent le ''gear tweeking''.
Gossage de matos.

Faire de petits ajustements, essayer des trucs de matos lus sur les forums ou vus sur d'autres plongeurs, ou simplement essayer des idées...

Le but étant toujours non pas l'accumulation de gadgets ou de pièces d’équipement, mais au contraire la simplification, la ''zenification''...

Sous l'eau, et surtout en profondeur, vaut mieux avoir le moins possible à penser, le moins possible de tâches à faire, vu la propension du brain à disjoncter dans les abysses!

Une des plus ou moins récentes modifications que j'avais faites sur ma veste (sidemount) avait été de remplacer les points d'attaches frontaux par des ''sliding D-Rings'' improvisés.
(Avec des cylindres d'alu, il est nécessaire de changer de point d'attache lorsque le cylindre devient positif aux alentours de 2000 lbs de pression, pour retrouver une assiette convenable et une bonne glisse hydrodynamique.)

Mes sliding d-rings -anneaux coulissants j'imagine, en français!- étaient de simples o-rings de caoutchouc, assez grand pour entourer la ceinture tout en étant assez serrés.
Ça se déplace très aisément, cependant le poids du cylindre accroché n'est pas suffisant pour le faire par lui-même, ce qui fait qu'une fois la position choisie, le tout reste fixe.

Ça a fait très bien le travail, pendant quelques années.
Je parle de ma veste ''d'eau chaude'', une Nomad LT que j'utilise pour les plongées en wetsuit ici, ou pour le sud en spéléo.
Évidemment, le système fonctionnerait sur n'importe quelle veste.
En eau froide, avec de grosses mitaines rendant la dextérité moins évidente, j'utilise une Nomad XT et des d-rings fixes plus faciles à manipuler.

Mais voila que dernièrement, en cherchant pour la millième fois des choses à ''tweeker'' (!), je me suis fait la réflexion qu'en fait, je n’utilisais à peu près jamais la fonction coulissante de mes attaches frontales!...
Le cylindre passe de négatif à positif (il relève du derrière) en très peu de temps. L'espace de quelques dizaines de livres de pression.
Et comme il faut tout-de-même quelques minutes avant de s'en apercevoir, de ressentir la diminution de l'hydrodynamique, les positionnements intermédiaires du point d'attache entre le frontal et l'arrière sont somme toute assez superflus.

Je suis alors revenu au d-rings de métal fixes. Des low-profiles.
Beaucoup plus facile, beaucoup plus rapide, surtout avec un brain chancelant!

Et si la plongée ne nécessite pas trop de décapelages partiels ou complets pour passer des restrictions, il y a une autre solution, géniale!

Tomasz Michura explique dans sa video un moyen hyper simple et brillant de ne plus avoir à déplacer le point d'attache avec des cylindres légers.
Les restrictions à décapelage seraient toujours négociables oui, mais demanderont simplement un peu plus de manipulation.

Et pour l'eau froide: c'est parfait! pas de manipulations avec les gros gants!




Alors voila!

Maintenant...qu'est-ce que je pourrais bien modifier encore...!

vendredi 14 août 2015

TOBERMORY ou Le Grand Bleu du Nord



Tobermory est légendaire dans le monde de la plongée.
Je n'y avais jamais encore mis les palmes.
J'en reviens enchanté, et je sais déjà que j'y retournerai. Eaux bleues comme dans les Caraibes, cristallines, chaudes au-dessus de la thermocline que nous ne rencontrions qu'à 45 pieds et plus, bancs d'éperlans de lacs, achigans et gros touladis, et bien sûr, ces épaves pour lesquelles la destination est célèbre...

Une préférée? Je n'ai pas pu voir l'Arabia. Mais le Forest City et l'île de Bear's Rump sont envoûtants...

Elles sont toutes belles. Il flotte entre deux eaux partout là-bas un parfum d'histoire lointaine.

Merci à Andrée Richard et Jacques Lech pour m'avoir fait découvrir l'endroit. Merci à Bruno ''The Pit'', Eric, Isabelle et Yves, Nikkie, Mario et Isabelle.

Merci beaucoup à Shantal Rodrigue pour la GoPro que je voulais essayer et avec laquelle ont été prises toutes ces photos, sans flash mais avec filtre rouge au besoin.

Vous y allez? Je vous conseille G+S Watersports Ltd. pour vos remplissages d'air ou nitrox, et la Tobermory Brewery pour les autres remplissages. Et le resto Bootleggers pour ses frites de patate douce!


















Calcaires dolomitiques




Mario Leblond




Bruno sur le Wetmore




Ancre du Wetmore




Pianissimo!




The Shinning




Bouilloires




Chaos




Jacques Lech à l'oeuvre




Étrave d'épave




Isabelle




Jacques sous le Mako 1




Forest City




Sweepstakes, le treuil














Rythm Section




Jacques and The Temple Of Doom




Alice in Black




Solitude




Le dragon




Anybody home?




Front froid




Eric sur le Niagara
















''Go, go and see my love...''