lundi 9 décembre 2013

ZE BESTOVE 2013

Je suis certain que vos doigts sur le clavier se bousculent  comme des Longueuillois aux portes du 10-30 le matin du Black Friday, pour lire ce billet du ''Best Of'' annuel d'Aquadelic.
Quoi de plus excitant en effet que de lire les réminiscences nostalgiques d'un poulet scubaphile qui procrastine un lundi matin plutôt que de se mettre aux choses sérieuses.



À la recherche d'une métaphore (non, ce n'est pas une vieille bouteille grecque qui change de forme) pour illustrer 2013, j'hésite entre genre le gars qui fait son épicerie pis que en fait les affaires qu'y met dans l'panier c'est des souvenirs, et le gars qui est couché chez son psy pis qui raconte...

Mais comme la moitié d'entre vous sont déjà passés aux photos plus bas, on s'en tape le réacteur nucléaire.

L'année de plongée fut mémorable. C'est bien, parce qu'à bientôt 55 ans (misère!), cerveau-média annonce une nébulosité croissante.

Rendons à César l'honneur de la charrue devant les boeufs: le haut-point de 2013 fut sans aucun doute le voyage à Akumal et la plongée souterraine!
Et dans ces plongées, la réalisation d'un long-time rêve: descendre dans le Blue Abyss.

Voici quelques images de ce puits profond,du pote Christian Scubapodz Rémillard:



Et le trajet pour s'y rendre à partir du cenote Pet Cemetery, du système Sac Actun


 Tout ce trip-là fut si incroyablement fantastique que j'essayerai même pas de le décrire. Vais juste y retourner, au plus crisse. Juin prochain, mettons, si Eva, patronne des plongeurs, le veut.



 MERCI à Paul, bien sûr, et à Christian et Antoine, mes frères de calcite forever. Et à Eric de NEPTEAU, et Nikkie et Joëlle et Nathalie. Et Eva Mendes.



 Et aux gens forts sympas de chez Villas de Rosa.

Bon. C'est un peu dur à topper, ça.
(traduction: vachement nickel, ce trip! Après, faut voir...)

Ben après, y'a eu un autre été de sorties explo au fleuve avec ma famille adoptive des Seaway Valley Divers.
C'est comme le pâté chinois: on s'en lasse pas.


 Des ancres à la tonne cette année. Et des épaves, dont une nouvelle que Nick Fulleringer a trouvée! Et que j'ai trouvé le temps de ne pas avoir le temps d'aller voir!!!
(Elle ne perd rien pour attendre.)
Bravo Nick.
Et je te souhaite ce que tu sais...



 Mes plongées d'été, en wet, furent faites cette année avec ce Nomad LT que j'ai adoré. Comme de faire du freediving ou presque. Trop top.





 Quelques bonnes tempêtes encore!


 Mais aussi ces intervalles de surface moelleux et chauds, à dériver sur le Little Diver au son de la guite de Nick.
Cool.





 Et toujours les petits trésors...





 Merci Ron, Nick, Robert, Duncan, Jason, Vicky, les boys des SVDs (les girls aussi!!!)


Pas souvent été chez Evelyn et la carrière Morrison cette année...J'adore ça pourtant. L'eau bleue, les jouets immergés...
Mais on est tout de même allé réparer le fil de Morrie le Requin, et y enfiler une gaine de plastique pour sauver des gants de dry!



Antoine et Nick, à l'ouvrage.

Y'a eu aussi un beau trip sur la côte-nord, avec Jeffrey sur le Skalugsuak, la Calypso du GEERG.
Merci infiniment mon ami, de m'avoir fait visiter ton beau terrain de jeu, et de m'avoir montré mes premiers nudibranches et anémones plumeuses!












 Et pour cette magnifique plongée dans la rivière Godbout! Fun!


 ...dont nous sommes sortis parfaitement sains d'esprit.



Et puis, 2013 a été l'année de  la plongée en lac. Avec les potes Nick CCDiver Fulleringer, Dominique Gringo Bernier et Jacques NorthernDiver Lech , nous avons continué l'exploration à fond d'un lac Laurentien, commencée à l'automne 2012 avec Frédéric Fred Lemlin et Nick.

Scoop: nous tirerons de ces plongées l'été prochain une exposition d'artefacts et d'images en collaboration avec les municipalités concernées.Et possiblement un petit musée. On en reparlera.
Tout fut fait conformément à l'étiquette et aux lois par rapport au ministère du Patrimoine et du receveur général.
97 plongées l'été passé seulement, et des centaines d'heures de recherches dans les archives et auprès des locaux!
Merci beaucoup à Sylvie et Michel, pour la Calypsette!












Mais bien sûr, de tous les objets renfloués, celui-ci restera le plus phénoménal! Une poterie huronne d'autour de 500 ans d'âge. Sur la photo: Jacques et moi, risquant à tout moment d'échapper le vase, ce qui eut effacé assez fast nos sourires Colgate et eut constitué un manque de pot indéniable.

La poterie n'est plus en notre possession. Elle est actuellement étudiée et préservée par les archéologues, et fera éventuellement partie des collections d'un musée québécois.
Mais nous en aurons une copie à l'expo.


Il y a eu la Corse aussi.
Une plongée où j'ai encore trouvé moyen d'avoir l'air parfaitement idiot en oubliant comment monter un BCD en backmount, puis en m'ouvrant la main bin comme il faut sur l'échelle du bateau.
Et quelques apnées magnifiques.

Merci infiniment à ma sœur Patricia et mon bro Gilles.
On oubliera jamais...









Cet automne, Nick et moi fondions notre compagnie de sauvetage et récupération  ''P.I.R.A.T.E.S''
(Paiement Immédiat Remboursement Exclu Taxes En Sus)
Premier contrat réussi: la belle chaloupe rouge re-flotte!
Vivement le rhum!





Voila.
Une autre excellente année de plongée, qui s'est terminée un peu abruptement par le décès attendu mais triste il y a quelques jours, de ma fermeture éclair de dry suit.

Mais bon. All things must pass...





 Alors on se remet à peindre, à écrire, à d'autres recherches...
L'année 2014 promet.
Et je sais pas comment j'vais faire pour endurer l'hiver!





                       PEACE


mercredi 13 novembre 2013

LE VASE PERDU





                                ''L'indien Solitaire'' N.C. Wyeth


Quelques secondes  le canoë tangue dangereusement, puis se stabilise.
Malgré la proximité de la rive où les grands arbres offrent une protection contre les vents de novembre, une bourrasque est survenue alors que l’amérindien fouillait dans son sac.
Et voilà que les restes du dernier repas, conservés dans une petite poterie que la soudaineté du coup de vent l’a obligé à lâcher pour saisir le plat-bord coulent vers le fond du lac.
L’eau est trop froide maintenant. Impossible de tenter de récupérer le récipient.
L’air aussi refroidit très vite.
L’algonquin enfile cette troisième peau qu’il a finalement trouvée au fond de son bagage.

Un dernier regard sur la surface agitée, là où est disparu le pot. Puis sur la berge. Il se souviendra de l’endroit.
Peut-être l’été prochain.
C’est que celle qui l’avait façonné, ce pot, l’avait fait tendrement, amoureusement.
Et qu’elle n’est plus là pour le remplacer...

L’indien ressaisit sa pagaie. La nuit viendra vite.

____


Un autre novembre.
Des flocons se mêlent à la pluie. L’hiver approche.
Le vent fou lève au large des petites trombes qui sont pulvérisées aussitôt par une bourrasque et se dissipent emportées au-dessus des vagues comme des spectres fuyants.

La chaloupe est amarrée au piquet de métal coiffé d’un réflecteur qui marque le haut-fond. Ça tiendra. La proximité de la rive ouest offre un peu de protection contre la tempête.

Nous achevons de nous préparer. Debout sur l’ile sous-marine , Jacques vérifie l’étanchéité du caisson qui enferme sa Nikon, le visage immergé, les palmes calées contre les rochers.
J’attache ma deuxième bouteille, aussi habilement que me le permettent les gants à trois doigts qui me protègeront du froid. L’eau est à 6 degrés, et ça baisse encore, de jour en jour.
Elle épaissit, comme disent les vieux. J’aime tellement cette expression, si juste. L’eau du lac semble huileuse, crispée de froid...

Mon compagnon de plongée relève la tête et me signifie d’un hochement que tout est ok.

Nous nous immergeons, et laissons derrière nous la furie bruyante du vent et des vagues pour le monde verdâtre et silencieux des touladis.

Ce ne sont pas ces grands salmonidés des profondeurs qui hantent les lacs sombres du nord que nous cherchons, cette fois.
Mais un camion!
Il y a presque trois quarts de siècle, le lourd véhicule transportant sur le chemin de glace une cargaison de gros billots de bois vers la tête du lac où le train prendrait le relais, était passé à travers et avait coulé près du haut-fond.
Quelques années plus tôt, ça avait été un traineau et les chevaux qui le tiraient.
Nous voulons les retrouver, et les photographier, témoins noyés d’une autre époque...

À la boussole, nous nous dirigeons vers le secteur Nord du site, en descendant doucement la pente vers un premier plancher couvert d’une épaisse couche de sédiments, quelques 15 mètres sous la surface.  Le mauvais temps là-haut n’aide pas à la visibilité, déjà assez moyenne en temps normal. Si je m’éloigne de plus de cinq mètres, je perds Jacques, pourtant équipé d’une puissante lampe de plongée.

Nous ne trouvons rien, sur ce désert ressemblant étrangement à la surface de la lune, à part de temps à autres quelque tronc d’arbre venu couler ici gorgé d’eau.

D’étranges petites dépressions que je ne m’explique pas marquent le sol, comme si quelqu’un y avait erré. Quelqu’un, ou des chevaux fantômes...

Nous sommes trop profonds. Selon les vieux du village, le camion n’aurait pas sombré dans autant d’eau.
Nous passons donc au secteur est, que nous quadrillons aussi.

Sans plus de succès.

Puis le secteur sud de la batture. Une heure et demie sont passées.
Cette fois, un peu de chance! Nous trouvons ce qui semble bien être le chargement de bois que le camion transportait. Encore empilés, les billots gisent au pied d’une petite falaise drapée de biofilm rougeâtre sur lequel se sont fixés des hydres.
Des blocs de béton et des cordages confirment  l’hypothèse.
Mais aucune  trace du véhicule...

Nous remontons vers le centre du haut-fond. Il est bien peu probable que le camion se trouve si près de la surface, mais nous voulons en être sûrs.
Il n’y est pas.
Mais nous trouvons les vestiges de l’attelage du traineau, planches, jougs et lanières de cuir étonnamment bien conservées, éparpillées sur un palier de roc ensablé. Étrangement, aucun signe des chevaux, dont les squelettes devraient pourtant avoir été bien conservés dans l’eau froide du lac.
Jacques en fait le tour, suspendu comme un satellite, et mitraille la scène de son appareil-photo, pendant que je ne peux m’empêcher de repenser à ces dépressions dans les sédiments en bas, comme des traces de pas...


Il reste le cadran ouest. Le moins probable des secteurs entourant le haut-fond, selon les locaux.
Je commence à avoir froid. Je sais que quand nous sortirons de l’eau, ma main droite aura perdu la moitié de sa force et de sa dextérité, une mauvaise habitude qu’elle semble avoir prise dernièrement!
Je me surprends à rêvasser de mers bleues et chaudes.

C’est moins profond ici. Vingt-cinq pieds et des poussières. L’heure avance, la lumière dehors diminue, il fait aussi sombre que plus bas au début de la plongée.

Je frog kick pour ne pas lever le fond, lentement. Mais ici, curieusement, le plancher n’est pas constitué d’épaisses couches de sédiments volatiles. Il s’agit plutôt d’un sol graveleux, compact, avec ici et là quelques amoncellement de pierres.
Je donne un coup de ma palme droite pour me retourner, voulant m’assurer que Jacques est toujours là. Étrangement, ce seul coup de palme me fait virer complètement, comme si un courant que je ne percevais pas m’aidait!

Jacques est tout près derrière, précédé du gros œil de son hublot de caisson sphérique qui observe tout.

Près de la rive, des falaises de calcaire cristallin montrent des formes inusitées, sculptées par l’acidité de l’eau. De petites cavernes s’y ouvrent, certaines assez profondes pour que ma lampe n’en trouve pas le fond. Et plus intéressant encore, elles montrent parfois des murs texturés de gros coup de gouge, que seule une eau en mouvement peut avoir produite.
Des sources, de petites rivières souterraines aboutissant ici?
Cela expliquerait cet invisible courant, et le balayage des sédiments au sol...

Une petite tache foncée devant moi me tire de mes réflexions. J’accélère un peu et m’approche.

On dirait bien un pot de métal rouillé. Ce qui n’a rien de surprenant : il n’y a pas si longtemps encore, les lacs et les cours d’eau étaient les poubelles des riverains et des voyageurs. Avant l’invention de l’écologie, on trouvait bien pratique de laisser sur la glace l’hiver des rebus de toutes sortes qui disparaissaient bien obligeamment au printemps!

Mais il n’y a pas d’habitations dans ce secteur du lac...

Je ne sais trop pourquoi, je fais signe à Jacques en éclairant l’objet de ma lampe. Il s’approche et prend un cliché. Puis je m’incline vers l’avant et descend doucement pour saisir la chose, que je m’attends à voir se désagréger  dans mes mains, comme tous les récipients de métal que je trouve, oxydés de part en part.

Même à travers 5 millimètres de néoprène, curieusement, on garde un certain sens du toucher.

Le pot n’est pas en métal, c’est une poterie.
Et je la tire à ce moment, sans le savoir, d’un demi-millénaire de sommeil.

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Nous ne trouvons pas le camion. Et pour cause : j’apprendrai plus tard par un des anciens du village qu’il avait été renfloué quelques temps plus tard, laissant au fond sa trop lourde cargaison de bois.

Plus de deux heures et demie d’immersion dans les eaux de novembre. Lorsque je reviens au bateau, mes mains obéissent mal pour détacher la petite caisse de plastique que je transporte sous moi, attachée à ma stab, pour les petits trésors que je trouve.
J’arrive tout de même à la déposer sur un banc de la chaloupe.

Nous remontons à bord les appareils-photo et cylindres, palmes et masques, et gardons nos combinaisons étanches bien fermées pour le voyage de retour sous la pluie et les embruns.
Il est temps. Le jour achève.

Le petit moteur peine à faire avancer l’embarcation surchargée sous le fort vent. Nous progressons lentement.
Je cueille dans la caisse le petit pot de terre cuite et nous l’examinons de près.
Dans l’eau verte du lac, au fond, nous ne voyions pas les motifs qui le décorent.
La lèvre du pot ornée d’une crestellation un peu semblable à un bec verseur est hachurée en diagonale, tout le tour, et ceinturant l’épaule, deux lignes gravées en continu  accompagnent une rangée de petites ponctuations.

Nous nous regardons étonnés et avons la même réflexion : ça fait un peu indien, comme objet!
Je commence à croire que nous avons peut-être trouvé plus qu’un simple pot de terre, comme il m’arrive assez souvent d’en repêcher. Et je frissonne non plus de froid, mais de penser qu’il aurait pu se briser mille fois, balloté dans la caisse!
Aussitôt à la maison, je contacterai un vieil ami archéologue, et lui enverrai une photo...

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Je relis pour la cinquantième fois les mots à l’écran de l’ordinateur.

‘’Tu as entre les mains un vase huron de 500 ans environ. Le seul de ce type jamais trouvé intact. Si j'avais trouvé ça, même pour moi ça serait la découverte de ma vie.’’

Je n’en reviens tout simplement pas.
Quelles sont les probabilités pour qu’un amérindien , il y a cinq siècles, passe par ce lac, y échappe un vase de type huron alors qu’il s’agissait de territoires algonquins, que le vase tombe sur un substrat solide plutôt que dans l’épaisse couche de sédiments habituelle, ne se brise pas, et que deux plongeurs passent quand il n’y a aucun intérêt à plonger là sauf si on cherche...un camion?!

J’adore ce sport!

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Mercredi matin. Je finis d’écrire ce récit.
Les gens du ministère et du centre de conservation viennent de passer ramasser l’objet.
Il sera analysé, étudié, sous toutes ses coutures.
Je suis fier, bien sûr, de cette découverte.
Alors pourquoi cette tristesse que je ressens, ces larmes que je retiens?

Je me sens coupable.

Coupable d’avoir tiré le vase d’une paix de cinq siècles. De l’avoir extirpé de ce monde silencieux aux étranges lumières que j’aime si passionnément, pour lui imposer celui des hommes modernes, dénaturés, orgueilleux. Celui du bruit, de la lourdeur et de la superficialité.

J’aurais peut-être dû le rapporter en bas, le recoucher sur son lit de gravier et de sable, qu’il continue d’attendre le retour de l’été,  de l’indien, en rêvant caressé du souffle des résurgences à des chevaux fantômes qui galopent sans bruit dans les ombres verdâtres...




 photo Jacques A. Lech



  photo Jacques A. Lech



  photo Jacques A. Lech



 Photo J.L.Courteau



  photo Jacques A. Lech





Photo J.L.Courteau

vendredi 11 octobre 2013

CORSICA

La Grande Bleue.
La vraie!
Nikkie et moi avons la grande chance de voir la Corse.
Corsica, dans la langue du pays.
Pat et Gilles, notre ''famille'' savoyarde, y vont souvent, et nous proposent de nous y emmener.

Aquadelic est un blog de plongée. Mais même si j'en avais fait beaucoup là-bas, ce qui n'est pas le cas, je ne pourrais pas n'écrire que sur ce qu'il y a à voir sous ses flots.
Corsica, c'est sans doute aussi la mer, la réserve de Scandola, ses tombants, ses mérous qui reviennent...Mais c'est surtout au-dessus des vagues qu'elle est belle à pleurer. Et dans l'âme de ses habitants, qui ne se livrent pas facilement, sauf à travers les chants polyphoniques tristes et beaux comme des amours impossibles.

Je n'ai fait qu'une plongée, à Porto, sur un site en bordure de Scandola.



Avouez que la barre est haute, pour trouver sous la surface autant de beauté!

Après une rencontre ma foi fort désagréable avec une représentante de cette ''dive attitude'' hautaine, condescendante et borderline méprisante si fréquente malheureusement partout, mais exprimée chez cette instructrice avec un savoir-faire particulièrement aiguisé, j'ai trouvé chez un compétiteur, PlongéePorto.Com, des gens accueillants (merci Emma!) et agréables. Et qui contrairement à la Gorgone précitée savaient ce qu'est le sidemount et furent donc en mesure de comprendre quand je réussis à monter leur matos à l'envers, ne m'étant pas mis un cylindre dans le dos depuis près de trois ans!

On me désigna comme buddy de plongée un employé du centre nommé Ahmed. Calme, zen, gentil, excellent plongeur. Merci mon ami.






Premier constat: la Grande Bleue est bleue.
J'en avais tellement entendu parler, et je l'avais entrevue de la surface quelques fois, que je passe les premières minutes à me demander si elle est vraiment d'un bleu particulier...
Je crois que si, finalement. Parce qu'éclairée par cette lumière bleutée que les impressionnistes ont tant explorée.

Deuxième constat à plus ou moins 60 pieds: méga-thermocline!
Ça, je ne m'y attendais vraiment pas, et le froid traverse cruellement mes trois minces millimètres de néoprène! La Méditerranée est une mer tempérée, pas une mer chaude du sud!





Même si certains habitants sont semblables...










Donc pas de foisonnement de coraux ici...





...mais plutôt des sommets et des tombants superbes, à l'image du relief d'au-dessus.




















Troisième constat, un peu triste celui-là: il y a peu de vie...
Nous verrons deux mérous, que la proximité de la réserve de Scandola protège sans doute, quelques poissons que je ne connais pas, deux murènes, beaucoup de méduses, un magnifique banc de milliers de petits poissons genre sardines.
Et sous les trente mètres, des gorgones bleues, un peu de corail rouge.

Je ne connais pas l'endroit, ni la méditerranée. Peut-être que je suis victime encore de mon réflexe de  comparaison avec les mers chaudes? Il me semble pourtant que c'est peu de faune, pour de si vastes espaces...Et lorsque je verrai une dizaine de jours plus tard, les pêcheurs de Cassis revenir le matin avec si peu de prises, ma tristesse devant le résultat de la cupidité des hommes ne s'améliorera pas...





















Il n'y a pas de plongées ''ordinaires''.
(Même quand on réussit à s'ouvrir la main jusqu'à l'os avec une échelle de bateau qui bat dans les vagues!)
Je suis bien heureux d'avoir fait cette unique plongée en Corse, et très conscient qu'une seule immersion ne me permet pas de mesurer la qualité de la plongée en méditerranée.
Le souvenir que j'en garderai, d'ici à ce que je retourne à la Grande Bleue, sera celui que l'on garde d'une première rencontre avec une belle étrangère...






Mais quant à mon souvenir des beautés du pays ''d'en haut'', celui-là est plus étoffé...





Des images de sculptures de pierre toujours enchâssées dans l'écrin bleu de la mer.






Ou dans celui du ciel...





...où montent les parfums du maquis, de la myrte, de la bière à la châtaigne, d'un veau cuit sur la broche, des fromages, des charcuteries...

Et surtout des chants polyphoniques sous la pleine lune, qu'on écoute en pleurant, saisis au coeur par la fière beauté d'un peuple profondément libre.

Ô...