mardi 26 février 2013

TRUCORAMA



 Je suis enrhubé. Encore.
Me semble que j'attire les virus comme un francophone à Sault Ste-Marie le trouble, cette année...
Finies les réunions mondaines et bains de foule, qui sont on dirait bien l'équivalent d'un spa dans un petri dish.

Faque parlons plongée, entre deux mouchoirs et pendant que l'bouillon de poulet réchauffe.
Pourquoi pas un autre petit ''truc de la semaine''!
Gardons cependant bien en tête une chose, avec ces ''trucs'': je ne prétend pas dans quoi que ce soit avoir LA patente!!!
Je veux juste partager des choses que j'apprend en plongeant avec d'autres ou en lisant, ou à force de ''gosser'' avec mes équipements, ce que j'adore faire, et susciter des discussions pour en apprendre encore plus. Je ne suis d'aucune organisation prétendant faire les choses ''correctement'', puisqu'il me semble que l'évolution est contraire à la prétention.

 I'm sure dinosaurs tought they were doing it right.

Je me suis mis au sidemount il y a deux ans. (Pour mes potes non-plongeurs, qui lisez ceci simplement pour perdre du temps à job, il s'agit d'une façon de porter deux cylindres de plongée sur les côtés plutôt que dans le dos.)Au début, c'était pour pouvoir faire de plus longues plongées, avec les cylindres que je possédais déjà, sans avoir à m'acheter des doubles. Et aussi parce que suite à une bonne hernie discale, le poids des doubles m'enchantait autant qu'une balle dans l'front.
Aujourd'hui, d'autres raisons se sont ajoutées qui font que je ne m'imagine plus plonger autrement, du moins avec des équipements traditionnels.
Même en simple, ce que je fais souvent.
La première étant le pur plaisir.
Remarquez qu'au début, il a fallu, faut bien l'dire, quelques plongées d'acclimatation avant de trouver ce plaisir!
J'ai gardé une photo de ma toute première dive en sidemount, (qui était aussi ma première en drysuit, ce qui était totalement stupide!), où on peut lire sur mon visage tout le what-the-fuckisme que m'inspirait l'expérience...



Mais comme avec toutes choses, le tricycle ou ta première blonde, on apprend.

En fait, j'apprend encore. Quelqu'un a écrit à propos des configurations possibles en sidemount: ''Sur 12 plongeurs, on en aura 13!''

Mais voici deux petits trucs qui rendent la chose plus simple, il me semble. ''Simple is better'', comme dit toujours Aquadude.
Je remplace le systeme de clips du bas du cylindre, un systeme de courroie à came vendu avec la veste normalement, par des colliers de serrage inox, trouvables en quincaillerie, que j'enfile dans du boyau de plastique transparent, également trouvé en quincaillerie et vendu au pied.



Le tout est serré en place avec une attache de type ''dog clip'' placée selon qu'il s'agisse de votre cylindre de gauche ou de droite, fixée avec de la corde à moulinet pour qu'elle puisse etre coupée advenant une malfonction. Ça m'est arrivé: du petit gravier dans le ressort...
(De toutes façons, aucune clip sur l'équipement ne devrait être fixée sans pouvoir la couper. Nous avons vu deux fois Aqualung et moi quelqu'un se retrouver solidement arrimé à des cordages à cause de ''suicide clips'', des types d'attaches genre mousqueton, fixés de façon permanente, à éviter.)

Le systeme de courroie à serrage à came est parfait pour le voyage, et peut être utilisé ici si vous adoptez les colliers de serrage ''permanents'' pour ajouter un poids d'un kilo au cylindre, si vous préférez ne pas avoir à le déplacer durant la plongée lorsqu'il devient positif, dans le cas de cylindres d'aluminium. (Enlever dans ce cas la clip inutile).

Je n'ai rien inventé; il y a longtemps que ça se fait. Je vois moins souvent l'utilisation du boyau par-dessus le collier, mais je trouve ça bien pratique pour éviter que le-dit collier n'endommage le dry suit, par exemple.

Pour la fixation du cylindre en haut: voici ce que j'ai trouvé de mieux jusqu'ici pour faciliter
l'opération, surtout avec des grosses mitaines l'hiver!
Un anneau inox de deux pouces est fixé ''en permanence'' au collier de la valve avec encore là de la corde à moulinet.



Plus besoin de faire le tour de la valve avec le bungee, et il est hyper-facile de passer la clip du bungee à travers l'anneau même avec de gros gants. Il faut cependant penser à raccourcir les bungees, ou s'en faire d'autres.
(Si vous préférez simplement passer le bungee par-dessus la poignée de la valve, c'est encore plus simple, avec des valves gauches-droites. Mais il m'est arrivé plusieurs fois que le haut d'un cylindre se détache suite à des manoeuvres à l'envers ou des contorsions, dans certains types de plongée.)
Ce système ressemble un peu à un autre où il faut fixer un anneau semblable faisant partie du bungee à une clip sur la valve. Encore là: l'opération me semble délicate avec des ''lobster claws''...

L'anneau est aussi pratique pour accrocher solidement le cylindre à un D-Ring de la veste avec un double-ender hors de l'eau, si besoin est, pour enlever du poids sur le bungee.

Voici comment attacher solidement une clip à n'importe quelle piece d'équippement.




J'ajoute une goutte de colle Krazy Glue sur le noeud.
Et une fois par année, je change toutes mes cordes, quoique je ne doute pas de leur solidité. Il ne m'est jamais arrivé que quelque chose se détache. La colle y est pour beaucoup je pense.
Mais là, Uncle Tom, dites-vous, c'est ben beau tout ce sidemontage, mais moi j'plonge en simple, sur le dos, pis ton truc de la semaine me fait une belle jambe.




Alors juste pour toi mon ami: voici un autre truc!!!!
Pis avec du Duct Tape en plus! Parce que juste une belle jambe, c'est pas l'fun.


Un tour de Duct Tape sur tes lampes, pour pouvoir y écrire au feutre permanent les heures d'utilisation au fur et à mesure, de façon à savoir ce qu'il te reste de temps avant de devoir changer les batteries.
(...en restant full conservateur, ben sûr, et en plongée open-water.)


Mon bouillon de poulet va refroidir...
La semaine prochaine: comment utiliser votre tuba comme flute à bec pour faire danser vos chums la tête en bas dans une réunion mondaine. (Tant qu'à pogner des rhumes en société, t'aussi ben avoir du fun.)




lundi 11 février 2013

ZE TRUC DE LA SEMAINE



Vous transportez toujours, en plongée, un DSMB (saucisse/bouée de signalisation), n'est-ce pas?!
Et vous l'envoyez à la surface avant de faire votre dernier palier en vous servant d'un moulinet ou d'un ''spool'' (bobine).
Le spool va mieux pour cette utilisation: moins accrochant, plus simple.

Alors il y a gros à parier que vous avez déjà perdu un spool!
On l'accroche le plus souvent au moyen d'un ''double-ender'', une clip à deux ouvertures.
Or, il est vraiment très facile de la faire ouvrir par accident, par exemple simplement lors du choc de l'entrée à l'eau.

Voyez:



Ça m'est arrivé, et plus d'une fois.
Et dernièrement, lors de plongées-spéléo au Mexique, nous en avons trouvé, et j'en ai vu se détacher de co-équipiers et tomber, sans qu'ils ne s'en rendent compte.
J'ai cherché longtemps un moyen de ne plus les perdre.(Ou de les voir se dérouler sur 150 pieds derrière soi!). J'avais trouvé quelques façons de les attacher plus sécuritairement, mais rien de vraiment à mon goût encore, ou 100% efficace.

Puis,  je suis tombé sur ces videos de SANTIAGO diving Mexico.




Problème réglé.

Vous vous dites probablement, comme je me le suis dit au début, que la méthode demande trop de gestes, trop de délicatesse difficile à faire sous l'eau et/ou avec des gants.
Mais non: c'est tres faisable, en quelques secondes, et il est IMPOSSIBLE de perdre votre spool ensuite.
(Perdre un spool pour une bouée, c'est ennuyant. Perdre un spool en caverne, ça peut être potentiellement dramatique!)

Voici un petit détail que je me permet d'ajouter au système:




Je fixe un tie-wrap (les tous-petits, de 4 pouces), au bout du petit anneau formé au bout du grand. Je le coupe ensuite à environ un pouce. Il permet d'encore plus facilement enligner et passer le fil par un des trous du spool. (et permet une meilleure préhension du petit anneau pour détacher la bobine lors des utilisations en caverne ou en épave.)

Autre détail: choisir de GROSSES bobines, dont le trou axial est grand, permettant l'utilisation avec des gants, et ne PAS TROP les remplir, de façon à ce qu'on puisse se servir facilement des trous de côté pour passer le fil, et parce que trop pleins, ils risqueraient de déborder quand un fois mouillés la corde ''enfle''.

C'est pas beautiful tout ça?!!


Le truc de la semaine prochaine: comment se casser au Mexique et finir sa vie à plonger les cénotes à tous les jours et boire de savoureuses margaritas à l'abri de tout souci financier.
(I wish!!!..................)



 

vendredi 8 février 2013

DEEP BLUES...


On dit que la mémoire la plus longue est celle de l'odorat. Pourtant, une empreinte sur les sables de mon esprit refuse de s'effacer doucement, comme toutes les autres, sous le ressac incessant des jours, et elle n'est ni parfum ni encens...
C'est une texture.
Mais j'en ai le souvenir si présent encore qu'elle serait hurlement si je pouvais l'entendre, éblouissement si je pouvais la voir.
Et elle goûte salé.
Peut-être est-ce pour cà qu'il est si vivant encore, cet artefact : il relève de tous les sens, refuse de n'être le fils que d'un.

Là-bas, dans les labyrinthes des rivières sous-terraines, au royaume de Chaak, j'erre encore sans besoin d'air, libre dans la noirceur comme ces damas blancas qui nagent aveugles dans les ténèbres et trouvent leur chemin.
Les yeux fermés, voilés, le monde apparait quand même.

Je frôle les stalagmites et les grandes colones et mon souvenir se ravive.
Elles ont la texture à la fois douce et légèrement rugueuse de la peau longtemps baignée dans la mer.
Comme si elles suaient le sel.
C'est ce souvenir qui ne me quitte plus...
Les cavernes sont vivantes, vraiment. Ce n'est pas une image. Nous ne nous doutons pas...Je ne soupçonnais pas...
Elles sont bien plus qu'un dédale de pierre décoré.
La fine peau opalescente des milliers de formes sculptées recouvre un être qui respire à un rythme différent, mais réel.

Ce monde blanc pulse dans le noir du voyage de mémoires millénaires comme un sang épais dans ses artères albâtres.

Et cette première impression de n'être rien dans ma fugacité devant pareil monument intemporel est fausse.

Aussi bref que puisse être le souffle de mon corps, je suis quand même son fils.

Je ne t'oublie plus.
Je te reverrai.
Je te retrouverai, et un jour je resterai.




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Bon...Que voulez-vous!

J'ai réellement ce souvenir de la texture des stalagmites et des stalactites encore frais au bout des doigts! Ça ne me lâche plus!
J'ai toujours le blues, quand je reviens de voyage et de plonger. Mais cette fois c'est borderline insupportable!...J'donnerais très cher pour pouvoir y retourner. Je me souviens hyper-clairement de certains coins des cavernes...Dans Tux, nous traversions une des salles énormes qui s'y succèdent. J'étais monté un peu dans la colone d'eau, pour voir par-dessus une tablette de calcaire.
Il y avait un tunnel, encadré de stalactites, qui commencait là. Je pouvais voir plus loin un élargissement, puis la continuation du passage en successions de petites chambres.
Je donnerais tout pour y retourner, aller voir ce qu'il y a au bout...

Il y avait partout de ces embranchements vers l'inconnu. Si attirants...
Un jour...............
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Mon plan, pour mes deux semaines au paradis, était le suivant: d'abord suivre la formation de plongée-spéléo. Puis, visiter au moins deux cénotes.
Le premier, Pet Cemetery et son Blue Abyss, fut à ma supreme joie inclus dans les parcours de la formation.
Le deuxième: Zapote, plus connu sous le nom de Hell's Bells, près de Puerto Morelos. J'avais déjà réservé un guide, et j'allais enfin voir ces formations calcaires étonnantes en forme de cloches l'avant-dernière journée.
J'avais réservé avec la même boutique à Playa Del Carmen une sortie de plongée en mer, pour rencontrer les requins bouledogues qui passent l'hiver devant la petite ciudad.

(C'était avec PHOCÉA, des gens bien sympathiques, français, que mon chum Sly avait connus l'été passé.)
Mais il n'en fut pas ainsi!

J'ai peut-être négligé un peu mes goutes pour prévenir les otites, pendant la durée du cours.
Et j'en ai payé le prix par deux solides attaques simultanées, que même les médicaments locaux n'ont pu guérir à temps.........
Alors adieu Zapote, et adieu mes requins!

Je vous montre un peu ce cénote fantastique, pendant que je me sèche quelques larmes!...



(Les vidéos de Steve Bogaerts sont hallucinants... pis ça n'arrange pas mes larmes!!!)

Au sujet des otites: un fait inquiétant. Elles sont maintenant de plus en plus répandues au pays des cénotes. Mon pote Wayne et Bruce le barman m'expliquaient là-bas pourquoi, d'un air triste.
Tout ce coin du Yucatan est un plateau de calcaire perforé de grottes comme un vaste fromage gruyère. L'aquifère, la nappe d'eau douce et potable, les inonde.
Le mexique se développe, le tourisme augmente, les grands hotels se multiplient. Et avec eux grandit le probleme des eaux salies. Le terrain poreux calcaire n'est pas un bon filtre pour les eaux usées. Elles doivent être traitées avant d'être retournées à la terre. Mais évidemment, l'économie locale ne permet pas ces traitements modernes et dispendieux. Pas assez.
Et ces eaux retournent aux cénotes chargées de bactéries qui n'y étaient pas...

Il en va donc de ce trésor pour l'humanité que sont les grottes englouties comme de la mer, comme des rivieres et des lacs: nous les salissons et les tuons elles aussi...

Bruce concluait en disant à voix basse que c'est maintenant qu'il faut les plonger, les cénotes...
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Et les requins maintenant!
Vous vous rappelez ce billet sur AQUADELIC? :

http://aquadelic.blogspot.ca/2011/01/un-imbecile-heureux-massacre-lentiere.html

Un pêcheur de Puerto Morelos qui avait tué une population entière de requins bouledogues à Playa.
Eh bien il continue...
Cette année encore, il est venu à bout des requins de Playa. Mais tout récemment, les gens de chez Phocea en ont retrouvé d'autres, et les plongées pour voir les bulls continuent.
Mais jusqu'à quand?
Les nouveaux poissons seront-ils aussi victimes du pêcheur, une fois que leur emplacement sera plus connu?
Ou le pêcheur finira-t-il par être victime lui-même d'autres prédateurs?
Beaucoup de pesos sont en jeu dans cette industrie de l'exploitation des requins autant pour le tourisme  qui les utilise via les charters mexicains que pour les ailerons et la soupe asiatique................
Et comme Alexis à Akumal me le disait: on joue dur, dur, à Playa...
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Je vous laisse sur quelques photos pêle-mêles.
Un peu de bleu (vous n'imaginez tout-de-même pas que je ne me suis pas au moins fais quelques apnées?!), de la dolce vita, quelques vieilles pierres hors de l'eau.
Oh!: et oui, j'étais sérieux plus haut.
Les cavernes, elles vivent...

















Les suivantes, superbes, sont de Nikkie!


















vendredi 1 février 2013

LE GRAND BLEU, UNDERGROUND


C'était il y a quatre ans, déjà...

Un voyage à Akumal, Mexique.
Le centre de plongée offrait des sorties guidées dans les cénotes.
(Le mot ''cénote'' est dérivé du maya et signifie ''puit''. Ils sont des ouvertures crées par dissolution ou effondrement de terrains calcaires sur des réseaux de grottes noyées appelés ''systèmes''.)
Bien sûr, il fallait que je vois ça.
Ça avait été magique. D'une fascinante beauté. Mais ces plongées guidées s'en tiennent à la portion des cavernes d'où est visible la lumière du jour. Ou presque.

Or, ces cavernes sont des ouvertures sur des systèmes sous-terrains incroyablement complexes totalisant des kilomètres de passages.
Pour y avoir accès, il faut une formation adéquate, évidemment. Peu de ceux qui en font fi survivent.
Alors après quelques plongées cette année là et quelques imprudences au goût amer plus tard, je savais qu'il me faudrait suivre cette formation un jour.
Je voulais voir ce qu'il y a plus loin...



2012.
Eric, du Centre de Plongée Nepteau à Montréal, me dit qu'il organise un voyage-formation en plongée spéléo à...Akumal! Pour janvier 2013.
J'ai pas un rond.
Alors comme à chaque fois dans ces cas-là, je lui dit OK! Je trouverai bien les sous.
À cinquante-quatre ans, même si je n'en ai que 16 dans ma tête, je sais plus que jamais l'urgence de vivre.
Des copains malades, des connaissances qui meurent, on ne doit pas procrastiner avec nos passions, nos amours...Tout peut s'arrêter dans l'heure qui suit. Carpe diem.

13 Janvier 2013.
Nous arrivons à la Villa DeRosa et le centre de plongée Aquatech.
J'adore cette odeur typique du sud, mélange de ciment cuit au soleil, d'humidité, de maïs, de fleurs et de mer.
Nikkie est avec moi, bien sûr, et Joëlle et Nathalie, qui l'accompagnent dans le dur travail de profiter du soleil et de la mer.
Deux gars suivent le cours avec moi, que je ne connais pas. Antoine et Christian.
Ils deviendront vite des amis. Excellents plongeurs, excellents sens de l'humour et grande passion: je ne pouvais pas mieux tomber.
Je penserai tout-de-même souvent à mes potes habituels de plongée, Sly, Nick, Gringo, entre autres, avec qui j'aurais bien trippé de partager tout ça...

Et l'instructeur est Paul Heinerth.
Là aussi, je ne pouvais certainement pas mieux tomber!



L'homme est humble. Comme tous ceux qui pourraient vraiment se péter les bretelles. Comme tous les gens dont l'expérience et le savoir ne sont pas dissociés du coeur.
Au fil de la formation, quand il le jugera utile pour illustrer son propos, il nous racontera ses aventures et celles d'autres grands de la plongée, spéléo ou pas. Explorations et découvertes de nouvelles grottes et artefacts, tournages dans les tunnels des icebergs de l'antarctique, tournages des plongées records de freedivers célèbres, aventures et rencontres incroyables...


Christian Rémillard, Paul Heinerth, Antoine Tremblay, et Chicken Joe, à l'entrée du cénote Chan Hol.


Je ne veux pas nécéssairement parler du cours. Il est hyper-intéressant, demandant, enrichissant. Et de le faire en si bonne compagnie a été un pur plaisir, à la hauteur de mes attentes et bien plus.
Et j'en suis fier, surtout parce qu'il a été l'accomplissement d'une promesse faite à moi-même, et qu'il m'aura fallu passer par-dessus mon insécurité quant à mes capacités d'y arriver.

Je veux surtout parler d'une beauté qui défie les mots.
D'un monde mille fois plus magique que je ne l'imaginais, et la barre était haute!
D'abord les noms de ces mondes cachés...Les systèmes de Nohoch Nah Chich (giant bird cage), Sac Actun (white cave), Ox Bel Ha (Three paths of water).
Puis leurs entrées, souvent spectaculairement grandes, souvent aussi minuscules.


L'entrée de Chan Hol (petit trou)



The Pit, un sinkhole (aven?) de 370 pieds de profondeur, loin dans la jungle.


Et à l'intérieur...Comment décrire...
Une galerie d'art exposant les oeuvres de sculpteurs fous, le travail des millénaires dans la pierre blanche ou cristaline. Des milliers et des milliers de stalagmites et de stalactites, de colones ouvragées, une infinie variété de spéléothemes plus fascinants les uns que les autres...
Le tout baignant dans une eau si limpide que la visibilité n'est limitée que par la portée de nos lampes.

Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau, tout simplement.

Et je voudrais bien pouvoir vous en montrer un peu, mais je n'avais pas l'équipement nécéssaire pour rendre justice à cette beauté.
Alors je vais vous suggérer un video superbe trouvé sur Youtube, de AQUAVISTAFILMS.COM.
Celui-là en particulier parce qu'il montre un trajet que nous avons eu la chance de faire.

Je rêvais depuis très longtemps d'aller un jour voir le Blue Abyss. (C'était même une des raisons de suivre ce cours!) Il s'agit d'une salle grande comme une cathédrale et profonde de 240 pieds, située au bout de presque un kilomètre de nage dans des passages hautement décorés, à partir du cénote Pet Cemetery dans le système de Nohoch Nah Chich. L'eau y est salée, et lui donne une couleur bleue hallucinante.

Un temple gigantesque bleu électrique, dans les profondeurs de la terre...







Alors?
C'est hallucinant non?
Et c'est mille fois plus spectaculaire live!!!
Juste avant d'arriver au dessus du gouffre bleu, sur le devant d'une tablette de calcaire à gauche, Paul nous montre un fossile de grand coquillage incrusté dans le calcaire blanc, comme un talisman annonçant qu'on pénetre dans un lieu sacré...






À plusieurs reprises, les formes organiques dans les spéléothemes me donnent l'impression de nager dans un univers créé par H.R.Giger, designer du monde de Alien...




Le video plus haut illustre assez bien un fait surprenant: les cavernes ne sont pas noires! Lors de presque toutes nos plongées, nous sommes quatre. Quatres lampes allumées ensemble, qui balayent le décor constamment. Mais les murs et plafonds blancs crèmes refletent la lumiere et la multiplient. C'est tout simplement féérique...

Tous les cénotes visités ont été aussi beaux les uns que les autres, et différents pourtant. Naharon, dont les premieres salles sont noires. Vaca Ha avec son entrée minuscule et ses successions de salles étroites mais magnifiques, et son halocline mystérieuse.

Et Tux Kubaxa!
Le dernier cénote que nous plongeons. Des salles immenses, blanches, des colones majestueuses, des galeries secondaires cachées aux promesses de découvertes.
Et...des mastodontes!







Des ossements de mastodonte, cousin du mammouth, extinct il y a presque 10,000 ans mais ayant survécu à la glaciation!

Je flotte immobile devant ces fragments d'os gros comme ma cuisse, totalement médusé.
Je suis à 35 pieds sous terre, dans une caverne inondée dans laquelle je palme depuis 45 minutes, et je me retrouve devant un trésor paléontologique!
Comme si le Blue Abyss n'avait pas été assez!

Voici un petit video de ce cénote. De moi, cette fois: vous reconnaitrez la mauvaise résolution de ma désuete petite caméra! Évidemment, ça ne rend absolument pas hommage à la beauté saisissante de l'endroit. Mais bon!




Gouffres bleus, mammouths, fossiles...Ajoutons quelques poteries maya, dans le cénote Chan Hol:
















Je cherche encore les mots pour décrire la beauté des cénotes, l'émerveillement de la plongée dans la mémoire de la terre...Je n'y arrive pas.
Je m'incline...
Mais je sais que j'y retournerai.


Merci à Eric de chez Nepteau, pour m'avoir offert l'opportunité de vivre ça.
Merci à Antoine et Christian, confrères de cours, plongeurs admirables.


Et MERCI INFINIMENT à Paul Heinerth.
Je me souviendrai toujours de cette poignée de main, suspendus au coeur du Blue Abyss.
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(P.S: Bientôt sur NEPTEAU.TV, un video sur le système Nohoch Nah Chich. À voir.)