vendredi 16 mai 2014

Portrait d'un désastre









Plongées au Lac-Des-Seize-Iles, après le glissement de terrain survenu ce printemps.
510,000 tonnes de roc, gravier, sable et terre emportées sous l'eau, entraînant une maison.
Puis un tsunami qui détruira une vingtaine de ces abris à bateaux typiques et emblématiques du Lac.

Après des semaines, les sédiments ne se sont pas tous déposés encore, et la visibilité est très mauvaise.
Devant le glissement lui-même, sous l'eau par trente-cinq pieds de fond, les tonnes de terre se sont étendues en vagues comme des dunes jusque de l'autre côté du lac!...

Partout, des débris de la maison et des abris, des objets de la vie quotidienne, qui prennent dans l'ombre verdâtre des airs surréalistes et tristes...

Et à travers les décombres, les perchaudes pondent leurs oeufs, comme à chaque année à ce temps-ci, depuis des millénaires...



































mercredi 7 mai 2014

POUR UNE BONNE COZ...



Y a-t-il une limite aux jeux de mots possibles avec Coz?
Je l'approche, j'en ai peur...

Retour à l'ile aux hirondelles, la semaine passée.

Il y a quelques années, j'avais tenté de contacter quelqu'un là-bas pour plonger dans des cavernes locales.
Ça n'avait pas fonctionné, et je comprends pourquoi maintenant. Je n'avais aucune certification de plongée spéléologique à ce moment, et donc ne réalisais pas combien naïve était ma démarche.
Le guide que j'avais trouvé n'y avait pas donné suite, et avec raison.

Mais cette fois, après que je lui eus expliqué avoir complété ma formation, et avec une de ses connaissances qui plus est, il a accepté de me faire voir quelques trous cozumeléens!

Le premier sistema fut Aerolito.




Les cenotes de l'ile ne sont pas semblables à ceux du continent. Le relief très plat de l'ile ne permet pas beaucoup d'entrées de type caverne. Les ouvertures sont donc totalement noyées la plupart du temps.

L'entrée d'Aerolito est dit-on le home d'un très gros crocodile. Mais nous ne l'avons pas vu, bien que dans la grotte, nous ayions trouvé le crâne d'un de ses parents!

Je n'avais pas pour ces plongées de caméra sous-marine. Il était plus important de bien faire connaissance avec mon guide que de jouer les touristes.

Regrettable tout-de-même un peu, puisque ce cenote est fantastiquement empli de vie!

Nous y avons pénétré sur une «distance» de 45 minutes à l'aller, pour nous rendre au bout complètement de la section . Partout sur le sol hyper-sédimenteux (et donc très volatile: hors de question de le faire «lever»), des milliers d'ophiures!


Et près de l'entrée, des oursins cavernicoles, des crevettes, des éponges de caverne, quelques étoiles blanches minuscules observées seulement ici, et une très comique moule nageante, munies de longs cils vibratoires, que j'aurais bien aimé photographier!!!

Profondeur maximale de 70 pieds, une halocline incroyablement belle, Aerolito, comme l'autre système que nous visiterons, est un peu un mix des cavernes de Floride et du Mexique.
Mon guide m'expliquera que les caves de Cozumel sont en partie le résultat de mouvements de plaques et de blocs appelés horsts.
Les passages sont en général dépourvus des spéléothèmes typiques des cenotes du continent, mais nous en croisons quand même de forts jolis dans certaines ''salles''.
Les entrées sont fortement tanniques et la visibilité assez éprouvée, mais plus loin, la viz est cristalline...




Sistema Quebrada.
«La cassure»

Si l'accès d'Aerolito était bien facile, ce fut autre chose pour Quebrada! Mais quels souvenirs!



D'abord, une bonne petite marche dans la jungle avec tout le matos sur le dos.
Assez chaud...



...donc: quelques minutes de rafraichissement bien méritées en arrivant à la flaque d'eau trouble qui sert d'entrée, grande comme mon salon!



Mais une fois passé les premiers cinquante pieds dans une ouverture verticale d'eau verte et opaque, le paradis...

Magnifique passage nommé C-1, puis, un autre passage atteint encore une fois au prix d'une ballade dans la jungle, nommé Roca Bomba.



Halocline superbe encore, passages en oeil de chat magnifiques, charbons d'un très ancien feu de camp, tessons de poteries mayas, et ces ossements de tortue du pléistocène.

Vérification de la ligne sur une section, qui semble attaquée par des micro-organismes ou le PH de l'eau: elle casse super facilement. Nous condamnons cette section, et explorons une nouvelle voie possible. Terra incognita!

Si l'bon dieu a fait quelque chose de plus beau que la plongée spéléo, il l'a gardé pour lui...










Merci, amigo. J'ai encore beaucoup appris.
Sur la faune des cavernes, sur la géologie, sur la fascinante histoire des Jaguar Warriors mayas et leurs rites d'initiation dans le monde des ténèbres des grottes...
Et belles démonstrations de ce qui commencait à m'apparaître clairement: Le double backmount, le sidemount, le no-mount, le recycleur: des outils.
Aucun n'est supérieur aux autres, mais n'est que l'outil adéquat pour une situation donnée. J'aime profondément le sidemount, mais je dois admettre que pour beaucoup de sections visitées, les doubles étaient un meilleur choix. Dans d'autres: l'inverse.

Gracias.







Mais cette visite à Coz ne fut pas entièrement sous terre!
J'y étais aussi pour replonger dans le Bleu, avec les amigos Betsy, France, Howard et notre ami Pumbaa de chez Blue Magic.
De bien belles plongées relax, à dériver dans les courants des sites du Nord et du Sud.

Merci pour l'organisation Howard!
Merci pour le buddy et la ride, France!
Merci pour les rires et les biscuits, Betsy!

Et merci pour ton éternel positivisme et ta bonne humeur, Joëlle!





























Et la dernière pic du poisson sourire, est de ma Nikkie, sans qui je ne voyagerais pas.






jeudi 27 mars 2014

LA CAISSE À LAIT



Avant même le Duct Tape et les Zip Ties, il y a un objet que tout bon plongeur possède.

La Caisse De Lait.

Je ne vous enseignerai pas ses usages: il y en a mille et deux.
Du transport de la caméra au transport des cochonneries achetées au dépanneur pour bouffer entre deux dives.

De flottabilité pratiquement neutre, elle est de plus assez hydrodynamique vu ses trous partout.
La caisse de lait, aussi appellée ''el'crète à lat'', est précieuse.

Mais je ne me serais jamais douté à quel point!

Je me présente hier au magasin à une piasse, soudainement inspiré d'y trouver l'objet en question.
Un rapide tour des allées ne révélant rien, je me pointe au cash et m'adresse à la dame qui y préside, lui demandant si ''vous avez ça des caisses de lait''?

Elle me répond sans hésitation, d'un ton légèrement dédaigneux me semble-t-il:
«Bin on vend pas d'lait ici mon cher monsieur.»...

Je suis assailli de sentiments conflictuels. D'abord, je ne crois pas être un ''cher monsieur''. Un cher monsieur: c'est vieux, ça n'a plus beaucoup de cheveux et ça a le dos courbé.
Puis, je ne suis son rien.
Et tertio: elle se paye ma gueule, là!

Mais elle m'a déboulé ça si vite et si sérieusement, que je capitule illico, jugeant qu'il est préférable de ne pas questionner ce qui semble pour elle participer d'une logique en béton, sur laquelle son monde est construit.

Je sors du magasin encore bouche bée, ce qui vu la température caractéristique de cet hiver arctique me fait mal aux gencives.
Je referme la bouche, donc, aidé d'une soudaine et éclairante détermination: Rona.

Y'ont toujours tout chez Rona.

J'y suis 4 minutes plus tard.

Je repose ma question au commis, me préparant à y ajouter quelque commentaire facétieux à propos de la caissière du Dollorama, mais voila qu'il m’interrompt en prenant un air de vous-n'y-pensez-pas comme si je venais de lui proposer de signer une pétition pour l'abolition d' Occupation Double.

-«Bin non! On n'a pas l'droit d'vendre ça!...

Le temps de ramasser ma mâchoire par terre, je lui répond que bin, c'est toujours bin jusse des caisse en plastoche, on parle de rien de radio-actif ou de à haute teneur en THC, là..............

Et s'ensuit, enfin, l'explication du mystère!
Bin oui, on peut me vendre des caisses de lait, mais pas des vraies. Les vraies sont bien plus solides, mais elles appartiennent aux différentes laiteries et sont consignées. Sauf que bien sûr, tout l'monde les volait tout le temps, si bien qu'il est devenu illégal d'en avoir.
Même si tout le monde en a.

Et moi qui pensait que l'crète à lait était l'objet le plus inoffensif et anodin après le balai à char.

J'ai donc acheté une fausse caisse de lait.
Oui mon cher monsieur.

Mais si jamais l'un d'entre vous chers lecteurs était du genre qui aime vivre dangereusement et possédez une vraie caisse de lait dont vous vous sépareriez sans trop de traumatisme émotionnel, je suis preneur.

(On garde ça entre nous...;^) )


photo Jacques Lech


samedi 22 mars 2014

AQUADELIC de retour!!!


Le canard AQUADELIC est de retour chez nous, après sa traversée de l'Atlantique à la rame avec Mylène Paquette! (Il dit que c'est presque tout lui qui a fait l'travail...)
Trop cool!

MERCI Mylène.



 Et j'ai rencontré sur place mon amie Charlene Audrey Chouinard, créatrice de AQUART, et quelqu'un que j'admire profondément. Elle peint aussi, et me dit que je pourrai vous montrer ce qu'elle a fait dernièrement ici sur le blog, bientôt.
On plonge cet été, Charlene!



Et ici, avec Mylène, et Aquadelic!
Ai-je besoin de le dire Mylene, que je t'admire aussi infiniment?!
Bravo, et merci encore.

Et merci Pépé pour les pics!

mardi 28 janvier 2014

EXPLORER






Très cool!
Dans le numéro courant de la revue canadienne de plongée DIVER, un petit article sur la découverte du vase huron en novembre par Jacques Lech et votre humble Chicken Joe!

Ce qui m'amène à avoir le goût de jaser d'exploration.

Je me suis fait dire y'a pas longtemps, et pas pour la première fois: «Coudonc! T'es donc ben chanceux à toujours trouver toutes sortes d'affaires!!!»

Mmmmhhh.........Je pense qu'il y a matière à discussion ici!

Quand j'étais petit et que mon père m'emmenait à la pêche, il avait toujours la même phrase quand il me voyait mouliner puis relancer et changer de leurre à tout bout de champ.

-«Garçon! T'as plus de chance d'en pogner si ta ligne est à l'eau!»

Malgré sa logique implacable, il a fallu bien du temps pour que cette vérité s'enracine à travers l'impatience et la frénésie de mon enfance. Mais ça a rentré un jour!
La persévérance, borderline obstination. C'est toujours payant.

Donc, point numéro un, que vous aurez vu venir: je plonge beaucoup. Je passe beaucoup d'heures sous l'eau. Autant que je peux.

Pops me disait aussi: -«Garçon! Faut qu'tu pêches où y'a du poisson!»

D'oh!, dirait Omer Simpson.

Point numéro deux: Il est assez certain que d'explorer des sites de plongée fréquentés par 200 plongeurs par weekend risque d'être un tantinet moins productif, côté trouvailles inusitées.
Quoique.
Un des plus intéressants objets que j'ai trouvé était justement dans un de ces endroits hyper-connus.
Il faut savoir deux choses. D'abord, dans le fleuve, les ensablements se déplacent régulièrement, et pas qu'un peu! Une gigantesque ancre de cargo peut être invisible à votre premier passage, et entièrement découverte quelques mois plus tard.
Il faut donc éviter les phrases de type: «J'y suis allé une fois, j'ai tout vu!»...
Deuxièmement, la plupart des plongeurs ne voient rien! Il est fort possible que des centaines de ceux-ci soient passés juste au-dessus de mon petit trésor.

Et ils ne voient rien parce qu'ils vont beaucoup trop vite, ce qui est également désastreux au niveau de la consommation d'air.

John Chatterton, une légende en plongée, découvreur avec Richie Kohler du u-boat U-869, raconte que lorsqu'il cherchait à trouver des indices dans l'épave qui le mènerait à son identification, il s'immobilisait au-dessus d'un périmètre donné et se laissait aller dans une sorte de rêverie, de détachement, en regardant lentement partout sous lui. Presqu'inévitablement, quelques détails lui apparaissaient alors, ressortant de l'ensemble comme une pièce qui serait à la mauvaise place...


Voila comment il faut voir, regarder...La plongée est une méditation.






Mon père ne pêchait pas que là où il savait que ça mordrait. Il adorait essayer de nouveaux lacs, même s'ils n'avaient l'air de rien. Il aimait les cartes et la boussole. Il rêvait toujours de trouver LE lac. SON lac.

Point numéro trois. Le plus important peut-être.

Il faut rêver, chercher, et par-dessus tout: être intimement convaincu que son lac existe, quelque part.
Vous plongez un site connu? Plongez-le d'un angle différent. Lentement. Allez un peu en dehors: c'est pas comme colorier, c'est ok de dépasser les limites!
Sécuritairement bien sûr...
Mais plongez aussi ailleurs! Soyez curieux! Lisez, parlez aux vieux plongeurs, suivez des cours,
Explorez! 




Il n'y a rien de nouveau à trouver dans le monde connu. C'est en en sortant que tout devient mystère et aventure.
De la chance? Oui, sans doute. Mais elle ne s'obtient pas par hasard!