jeudi 23 septembre 2010

ZE RETURN OF ZE SUSHI

Très cher docteurs en physique des particules et public avide de sensations cérébrales fortes et de scoops scientifiques; laissez tomber votre numéro de Science Journal ou du Smithsonian.
Aquadelic a une fois de plus ce qu'il vous faut pour assouvir votre soif de savoir, votre ardent désir de stupéfaction intellectuelle.
Vous vous rappelerez sans doute, avec émotion, ce brillant reportage que vous aviez lu ici-même sur la découverte à St-Timothée d'une population incroyable de cette petite crevette invasive du St-Laurent originaire d'Europe par les fougueux plongeurs d'Aquadelic?
Et bien nos palmés amis ont remis çà!
Cette fois, c'est en Ontario, près de Farran's Point dans la région des Lost Villages, qu'Hémimysis Anomala, la ''Bloody Red Shrimp'', a été observée et prélevée, grâce à un ingénieux système de trappage utilisant un pot de pâté au sanglier du reste fort gustatif, conçu par votre humble.



Voila la bête.
Nous l'observâmes d'abord lors d'une plongée en fin août dernier. Mais contrairement à celles de St-Timothée, nos crevettes ontariennes furent trouvées dans des conditions rendant leur collecte plutôt difficile, et démontrant un comportement de leur part totalement étranger à celui de leur consoeurs québécoises.
Elles vivaient, et vivent toujours d'ailleurs, dans une pièce fermée et absolument obscure d'une épave, où elles se trouvaient à l'abri du fort courant local, qu'elles ne sauraient maîtriser en aucune façon.
Normalement, HA vit en des eaux tranquiles, et où la nuit venue elle peut monter dans la colone d'eau pour ''chasser'' le zooplancton dont elle se nourrit.
Les HA de St-Timothée vivent en essaims de milliers d'individus, par 7 mètres de fond, et ne sont nullement affectées par la présence des plongeurs, allant jusqu'à accepter ceux-ci et les envelopper s'ils se déplacent très lentement. La lumière ne les affecte pas, et les puissants strobelights des caméras sous-marines que nous avons utilisées pour les filmer ne les dérangent pas.
Les crevettes observées dans cette pièce noire réagissaient violemment à la moindre lumière en se précipitant à l'abri dans les interstices et les fissures de la structure.
C'est ce qui rendit leur capture plus difficile.
Mais nous réussîmes tout-de-même à obtenir 4 spécimens il y a une dizaine de jours, et avec l'aide de ma petite soeur de laboratoire et la collaboration gentille et généreuse de l'hopital ou elle travaille, pûmes ce soir confirmer au microscope qu'elles sont bien des Hémimysis Anomala, et non quelqu'anonyme chair à sushi.
(Je vous défie de répéter ''chair à sushi'' 4 fois vite sans vous faire un noeud de chaise dans la langue.)

Alors voila, admirateurs pantois et médusés! Les nerds d'Aquadelic frappent encore, persistent et signent.
Les échantillons iront maintenant au St-Lawrence River Institute Of Environmental Sciences, à Cornwall, où on poursuit des recherches intensives sur HA et son invasion du système des grands lacs depuis 2006.
Plusieurs articles ont parus sur la crevette depuis le début de leur travaux, et un prochain papier fera état des nouveaux sites d'observation trouvés, dont ceux qui le furent par Aquadelic!

Très cool, on trouve!

6 commentaires:

Jean-Louis Courteau a dit…

Le River Institute m'écrit que ''cette découverte des hémimysis est fort intéressante car elle démontre que les spécimens observés à St-Timothée et au port de Montréal ne sont pas arrivés nécéssairement par l'aval, et donc que la présence dans le fleuve de HA peut bien résulter des populations invasives des grands lacs''. Cool!

Renata a dit…

Stupéfiant ! Palpitant !
Bravo pour votre sens de l'aquaobservation et votre aquaimplication.
Et merci aussi au labo d'avoir si généreusement libéré leur meilleure technologue afin de vous assister dans votre identification de la HA.......c'est plus intéressant que la H1N1 !!!

Renata a dit…

Tite question :
si je me souviens bien, en tenant compte que la mémoire est une faculté qui oublie, surtout la mienne !!, les HA proviendraient de l'Europe et seraient arrivées ici sous la cale des bateaux, alors comment pourraient-elles provenir des grands lacs ?

Jean-Louis Courteau a dit…

Tu te souviens bien Renata! Mais pas sous les bateaux: DEDANS!
Les bateaux, comme les sous-marins, ont des ballasts, des compartiments que l'on emplit d'eau ou vide, par pompes, pour améliorer la tenue du navire, la répartition de son chargement, ou pour l'enfoncer un peu dans l'eau lorsque vide de cargo pour que les hélices travaillent mieux. Les bateaux empruntent le St-Laurent vers les grands lacs. C'est là qu'ils ouvriront les ballasts pour ajouter un peu de lest une fois la cargaison livrée. Libérant ainsi les passagers clandestins comme HA, ou les moules zébrées, ou les gobies à tache noire; la plupart des espèces invasives retrouvées ici et originaires souvent de la région ponto-caspienne en europe.
Une fois bien installées dans les grands lacs ou elles se reproduisent, ces espèces ''débordent'' dans le fleuve et finissent par le coloniser, comme l'a fait la moule zébrée et le gobie, et comme le fera sans doute HA.
Les prochains ''envahisseurs'' sont mêmes connus, ou attendus! Parce qu'ils ont déjà commencé à apparaitre ailleurs dans le monde, ou qu'ils empruntent une autre voie, comme le réseau du Mississipi, d'ou nous arrivera tr`s bientôt la carpe asiatique, pouvant peser jusqu'à pres de 100 livres!!!

Renata a dit…

J'l'ai toujours dit...t'aurais dû être prof !...y aurait p'être moins de décrochage.

Anonyme a dit…

Je vote pour CJ comme prof
C'est cool
Mais quand on est passionné comme toi CJ, cela parait plus facile.
Louis