jeudi 18 novembre 2010

LE BUDDY




Il y a deux sortes de buddy de plongée.
D'abord, celui qu'on vous impose en vacances dans l'sud, qui s'appele Bob, sent le pina colada cheap, et vous sera aussi utile en cas de pépin au fond qu'une poupée Ken. Les anglais appelent çà un ''same day same ocean buddy''.
Puis, il y a le buddy que vous avez choisi, qui est devenu un buddy autant hors de l'eau que dedans, qui en cas de pépin sera là et agira. Celui-là est précieux.
La saison pour nous autres pauvres plongeurs en wetsuit-et ici le mot ''pauvre'' prend tous ses sens!-tire à sa fin. Ou du moins elle va sérieusement ralentir.
C'est le moment où je deviens sentimental un peu...
Alors voici un hommage à mes buddies de l'année, qui multiplient le déjà colossal plaisir que j'ai à jouer dans l'eau.


Jesse James
On n'a plongé ensemble qu'une fois, cette année. Mais je suis certain qu'on remettra çà en 2011. Merci JJ pour tes sourires lumineux en découvrant les attractions et l'eau bleue de la carrière Morrison. Pour tes ''pas'' de danse sous l'eau et ta grâce. Et pour m'avoir donné pendant quelques heures un peu de la joie que j'aurais eu à partager ma passion avec un fils.
Tu seras, et tu es déjà, un excellent plongeur, parce que tu as la générosité et la simplicité que la mer recherche dans ses élus.




Andres
C'est celui avec le masque! Andres est un instructeur au Centro de Buceo de Jibacoa, Cuba. Il mesure 34 pieds de haut et un peu moins de large, et sourit peu. C'est qu'il a une image de dur à cuire à entretenir. Mais sous l'eau, et quand vous avez gagné sa confiance, il est généreux et sensible. Quand Andres passe; les poissons locaux le saluent.
Et je le salue aussi. Merci hermano, pour m'avoir laissé passer de touriste à ta remorque à ami à tes côtés, et pour avoir vidé nos bouteilles ensemble.
Hasta la proxima.





Ron McDonald et les Seaway Valley Divers
Ouf!... Que dire de ce monsieur! Je l'ai déjà dit; il a tout mon respect, et mon admiration. Une expérience de plongée immense encadrée de l'humilité des très grands, une simplicité désarmante, et la générosité encore, celle surtout de ne pas être avare de cette vaste connaissance.
Merci Ron, pour tout ce que j'apprends à chaque fois, pour tout ce qui me reste à apprendre. Et un énorme merci aussi pour m'avoir accepté dans cette réelle famille que sont les Seaway Valley Divers.
Tous des plongeurs experimentés, passionnés, hyper-sympathiques, dont le sens de la confrérie et de l'entraide est exemplaire.
Un groupe à bien des égards comme celui que j'espérais avec Aquadelic.







Dominique.
Alias Gringo, Montezuma's Revenge, Monty.
Outre ses qualités de plongeur et de buddy émérite, Gringo est un spotteur de murènes de première classe, et n'hésite jamais à se lancer corps et âme dans une étude scientifique sur les effets du vodka-limon sur l'organisme, ou ceux des mélanges gazeux modernes sur la psyché du buceador.
Merci mon aquadélique ami pour ces escapades aux pays des Freddy LaBomba et des tartes au citron!
Pour ton délirant sens de l'humour. Pour tes cyber-conseils.
Et pour ta confiance.








Nick
Alias: Aqualung, Dude, Aquadude
 Je ne croyais pas rencontrer un jour quelqu'un qui soit aussi fou de l'eau que moi. Il l'est plus encore!...Mais que ce buddy toujours prêt à se mouiller soit aussi un des meilleurs êtres humains qu'il m'ait été donné de connaître; là, çà frise la bénédiction!
Nick est l'incarnation de la générosité et de la bonté. Il possède peu; le donnera sans hésiter. Il est un plongeur remarquable aux poumons légendaires, un éternel étudiant, un artiste de la flottabilité, un adepte de l'émerveillement.
Musicien de tous les instruments, ingénieur de son, il vous fera un sourire d'enfant 80 pieds sous l'eau à l'écoute d'un bateau-cargo qui passe dans la voie maritime.
À chaque plongée, il vous offrira un thé chaud, ou un chocolate chip de décompression, sous une tente chauffée!
Merci infiniment dude, pour ta patience avec un maniaque de photo, pour le thé et les biscuits, pour ton enthousiasme inébranlable à plonger et explorer.
Et merci par-dessus tout pour ton amitié...






Sylvain
Alias: Sly
Divemaster, rescue diver. Sly a suivi ces formations principalement pour une raison: accompagner son beau-frère qui ne peut plonger que sous la restriction d'être accompagné d'un maître de plongée, suite à un sévère accident. Alors côté générosité; i rest my case!
Superbe plongeur au contrôle parfait et au calme olympien, Sly est un autre passionné de l'eau. Et un autre être humain de top qualité. L'amour qu'il porte aux enfants, les siens comme ceux qui en ont besoin, le démontre bien.
Initiateur de la tente chauffée aquadélique Holydive Inn, et concepteur de la remorque de plongée qu'il est le seul à pouvoir reculer les yeux fermée d'une main et en calant un RedBull.
Merci pour ton amitié, ta compréhension, l'exemple que tu donnes avec tes fils.
Les études ne dureront pas éternellement mon chum; on replongera ensemble bientôt!

Blaise et Jeffrey
Deux personnes dont l'amitié est un honneur, parce que j'ai une admiration sans bornes pour le travail qu'ils font à préserver l'eau et ses habitants, pour leur persévérance à travailler dans une direction que le monde insensé s'acharne à ne pas voir, à nier, à détruire.
Deux amis, avec qui j'ai enfin pu plonger cette année, ce que j'entend bien renouveler s'ils m'en accordent le privilège.

Nicole
Alias Nikkie
Suprême buddy; Nik est celle qui endure cette dévorante passion de l'eau chez son chum excessif, rêveur et éternel ado. C'est aussi celle qui me montre toute la vie qu'il y a à voir dans 2 pieds d'eau, celle qui trouve les pouponnières de poissons et les bébés-murène. Celle qui partage la passion des voyages, celle qui croit en moi quand moi je n'y crois plus, celle qui sait s'émerveiller et s'émouvoir. Celle pour qui j'espère être la moitié de celui qu'elle mérite, parce qu'elle est parmi les meilleurs êtres humains que j'aurai connus.
Merci...
Et à tous ceux que je n'ai pas pu voir ou revoir sous l'eau cette année, Aquadéliques ou non, j'espère vraiment avoir cette joie dans celle qui vient, et que la vie vous soit assez douce pour vous en accorder le temps.

mercredi 10 novembre 2010

Le Crapet Et Moi


Le crapet et moi


Je flotte en parfaite suspension dans l’eau noire. Au-dessus brille un croissant de lune mouvant, ondoyant sur la surface agitée d’une brise tardive. Je n’ai qu’à donner de temps en temps un léger coup de palme pour rester en place, deux pieds au-dessus du fond.
Et je savoure ce vol contrôlé, cette apesanteur enivrante…

Un crapet de roche frôle le gravier, immobile lui aussi sous mon visage. Ses nageoires pectorales vibrent étrangement et son corps est parcouru de frissons. Ses grands yeux rouges ont sous l’éclairage de ma lampe une expression hypnotisée, éberluée, vulnérable.
Je ne comprends pas ce qu’il fait là, hors de sa cachette habituelle dans l’épave, alors que rôdent les grands brochets.

Mais il est sous ma protection.

Les crapets de roche ne sont pas glamour. Ils ne sont pas de redoutables prédateurs, des combattants renommés, n’ont même pas les habits colorés de leurs cousins soleils. Ils ne sont ni petits ni gros, ni appâts ni trophées.
Les crapets de roche ne sont rien.
Et pourtant ils sont partout. Nombreux. Et toujours là à agrémenter les épaves pour les plongeurs quand les grands poissons importants n’y sont pas.
Ils sont le peuple, les travailleurs, monsieur-tout-le-monde, les gens ordinaires des profondeurs.

Il vibre moins, se calme, s’habitue au bruit de mes bulles. Et nous devenons des compagnons dans le noir, faces tous deux au faible courant, nous regardons droit devant dans le soir liquide.

J’ai la tête pleine du vacarme des soucis, des peurs, des insécurités qui me tourmentent devant l’imminence de grands changements. Mais je ne peux plus les reporter. Je n’ai plus le temps. Il faut provoquer la crise, opportunité de changement, il faut sauter dans le vide ou mourir ici, m’endormir pour de bon dans le sommeil réconfortant de la stagnation.
Je crève de peur. Quand on approche assez de l’ouragan, il vous déshabille de la bravade des mots, de l’armure de papier des résolutions clamées bien haut pour l’oreille des autres alors que murmurent en nous le doute.

Je me sens comme mon ami là sous moi, fragile et vulnérable, et je réalise que bien peu de choses nous séparent en réalité quand on considère plutôt que notre petit monde individuel la grande réalité de la rivière.

Malgré ma prétention, ma conscience et ma croyance d’en être le seul dépositaire, malgré la force de mes bras et de mes jambes, malgré toute la technologie dont je me suis armé, je suis une petite étincelle dans le vent, aussi aisément soufflée qu’une autre, aussi fugace que celle de mon ami aux yeux rouges.

Le crapet vibre à nouveau et son corps est agité de soubresauts. Puis il se calme.
Il me ramène à notre réalité commune, la rivière, l’eau qui passe froide sur mon visage pour disparaitre dans la nuit derrière moi.

Je ferme les yeux un moment et imagine que transpirent hors de ma peau de néoprène toutes mes terreurs. Pour être déchirées en lambeaux et emportées par les flots comme la vieille peau des épaves devant la caresse des siècles.

Le fleuve me lave.

Il me semble que le crapet me regarde du coin de son œil rouge. Comme s’il me voyait différemment.

Avec une infinie tendresse, sachant que c’est moi que je veux toucher autant que lui, j’approche lentement la main, les doigts tendus. Et plus je m’approche et plus il reste là; plus je suis envahi d’émerveillement et de complicité. Et enfin, mon ami se laisse caresser. Je sens très bien son corps relâché, qui s’incline un peu sous le contact et revient résilient quand je reprends le mouvement.

Je cesse de palmer et je regarde le crapet s’éloigner doucement. Accepter le courant et s’y abandonner, c’est aussi avancer, pour qui est fils de la rivière.

Merci mon ami. Tu n’as rien d’ordinaire.

lundi 8 novembre 2010

LE BINÔME. MOUAAAHAHAHAHAH!!!!!

Chu pas capable d'entendre le mot binôme!
Me semble que çà sonne comme une maladie grave...Les nerfs me frisent quand j'entend l'mot.

Faut savoir, cher public non-plongeur, que beaucoup d'hommes-grenouilles francophones utilisent ce terme pour désigner leur compagnon de plongée, qu'impose la sacro-sainte loi dictant de ne pas plonger seul, fût-ce au prix de se retrouver avec une source d'aide, en cas d'urgence sous-marine, aussi efficace qu'une porte pas d'poignée...

Faque; mû par une soudaine inspiration, je fouille le dico pour aller voir la définition de l'hideux palabre...

Bin vinyenne!!! Quelle n'est pas ma profonde stupéfaction doublée de joie presque malsaine de constater que le mot est totalement inexact dans ce contexte!!!!!!!!!

-''BINÔME: Polynôme composé de deux termes, ceux-ci étant des monômes de degrés ou de variables différents.
Fam: Ensemble constitué de deux éléments, de deux personnes considérés en bloc.''

Le binôme est donc les deux hurluberlus analphabètes, et non pas l'un des deux pour l'autre!
Vous devrez désormais appeler votre buddy, si vous êtes anglophobe, votre monôme!!! (et non pas ''mon homme'', qui sonne similaire mais sied peu par exemple au tandems féminins ou d'orientation incertaine.)
Esti; j'veux entendre çà à Morrison au prochain colloque DIR !!!

Donc, chers lecteurs estomaqués et admirateurs, à vos neurones; il faut revoir notre scubalexique et  trouver un terme qui soit non seulement exact et descriptif, mais qui soit aussi phonétiquement agréable et n'évoque pas quelque malaise terminal.

Genre: chum, ami, copain, compagnon. Restons simples bordel, et considérons qu'on est juste des grands enfants qui jouent dans l'eau et qui aiment encore çà s'habiller en super-héros.

Aaaahhhhh..........moi qui trouvait la journée ordinaire...!


jeudi 4 novembre 2010

PETITS PONTS et PETE'S BLUES


La belle journée hier!!!...
Je rejoins Nick à Farran Park pour y plonger peut-être pour la dernière fois cette année, les Dieux de la Plouffe ayant décrété qu'il me fallait une nouvelle transmission plutôt qu'un drysuit...
M'enfin...
Faisait quand même super beau, et on en a profité au max, de l'eau bien chaude versée dans nos wets entre les plongées.
Un des buts visés hier, à part le fait de jouer dans l'eau comme des gamins ce qui au fond(!) est le plus important, était d'essayer de trouver un troisième pont-tunnel dans la baie du Lock 22, que l'on croyait deviner sur de vieilles photos aériennes.


L'eau qui épaissit de froid offre par endroits de belles visibilités. Cool.



Un muret de glaise, vers les trente pieds, parsemé de ces petits trous en forme de bouts de clés anciennes, dont je n'ai toujours pas trouvé l'origine...Bien intriguant...Mais très beau aussi!



Ici et là, les vestiges de poteaux et de piquets, émergeants de l''épaisse couche de sédiments.



Et paf! On tombe sur cette très étrange structure, d'une dizaine de pieds de hauteur. Nous comprenons bientôt qu'il s'agit d'un méga-ancrage pour une prise d'eau par un tuyau vers Farran Park. Mais le tuyau n'est depuis longtemps plus en fonction, et à l'époque de la construction de ce machin; Farran Park n'était pas Farran Park!
Mystère...



Un contre-courant assez fort, un peu plus loin, charriant débris et sédiments, réduit la viz de beaucoup et l'eau se teinte de jaune, suggérant le passage des eaux différentes d'une rivière maintenant sous-marine. Une pente assez forte, un virage, et voila le tunnel!



Il est magnifique. Et super long! Je dirais une centaine de pieds facilement entre les deux ouvertures, offrant une pénétration fascinante. Quel étrange sensation que de voler dans le noir puis de voir grossir tranquillement ce petit carré vert là-bas, jusqu'à ressortir dans le jour accompagné des crapets résidants!



L'expérience des autres pont-tunnels découverts cet automne nous dicte de creuser dans les débris accumulés par les années du côté du large, sur le rebord du pont, pour y chercher l'inévitable inscription.
1920, comme les deux premiers. Mais celui-ci est de loin le plus intéressant.



Deux autres plongées, et une dernière qui se fait presque toute de nuit, agrémentée de la sortie d'on-ne-sait-où de dizaines de grosses perchaudes qui se laissent presque flatter, et de petits ménés bleu-verts sous le film de la surface...
.
Il y a une bin cool satisfaction à chercher et trouver en plongée des trucs repérés auparavant sur les anciens documents. Ce sont de petites victoires, de petits accomplissements qui ''replacent'' un peu de toutes les circonstances que la vie apporte qu'il n'est pas possible de contrôler et qui sont parfois difficiles...
Le blues aussi, dans ces cas-là, çà r'place!
Et il y a sur le chemin du retour, à l'Ile Perrot, juste avant le pont de Ste-Anne derrière le Dairy Queen, un resto-bar blues que les vrais amateurs connaissent bien. Il vaut le détour, pour le blues live à tous les soirs, et pour les meilleurs smoked-meat au nord du Rio Grande.
Je ne blague pas.
Çà s'appele ''PETE'S SMOKED MEAT''. Arrêtez y au retour de vos plongées en Ontario.

Sur la photo, à gauche, à la guitare, c'est Pete lui-même.
Oh yeahhhhh...........