jeudi 9 juin 2011

MAYDAY!

8 Juin...déjà...
Bordel, je sens que l'été va passer comme une entrée de pétoncles.
Aujourd'hui, c'est la première sortie de mercredi du Little Diver cette année. Chaque mercredi, le bateau des Seaway Valley Divers sort pour deux plongées d'exploration du fleuve.
Nous y cherchons n'importe quoi et tout, et au fond de notre coeur bien sûr, des épaves...
Une entre autres, qui ferait plaisir à Ron...

Il fait un soleil de plomb, plus tous les nouveaux facteurs modernes de smog, humidité, température ressentie, dans l'tapis.
L'art de compliquer les choses...
Neil chante à la radio:

''I crossed the ocean for a heart of gold...''

C'est aujourd'hui la journée des Océans. Je l'ai déjà dit; c'est pas que d'une journée qu'il a besoin, l'océan! Mais bon, c'est mieux que rien j'imagine. Un peu partout, des gens vont nettoyer des plages, des lacs, des bords de rivière. C'est cool.
C'est trop peu trop tard aussi peut-être. Difficile à dire. On est vraiment très près du point de non-retour, peut-être un peu dépassé...

Mayday...

Mais phoque! Il fait beau, je suis tellement en manque d'eau, c'est le premier mercredi explo de l'année! J'file égoïste.

Je ramasse Aqualung au point de rencontre habituel et on file dare-dare et hilares vers la marina de Chrysler Park près de Morrisburg.
Salut Ron, çà gaze?, salut les mecs à deux autres membres du club qui se sont pointés, et on largue les amarres. Pas de temps à perdre, on annonce des possibilités d'orages violents.
20 minutes après c'est le pas de géant et ce merveilleux PLOUFFF dans un nuage dense de bulles blanches qui emportent avec elles à la surface toutes mes préoccupations pendant que je coule doucement dans une paix verdâtre et lumineuse vers un fond de sable et de rochers.
Dieu que j'aime çà...

Le courant est juste ce qu'il faut pour couvrir du terrain mais pouvoir s'arrêter quand quelque chose attire notre attention.
Et quelque chose ne tarde pas à attirer notre attention!




Out of nowhere; un escalier...et en haut: un monolithe de 12 pieds de haut par presque autant de carré!




Nous sommes retombés sur un site que Nick avait découvert l'automne passé (pendant que j'étais en cale sèche à cause d'une ?&%$/&? d'otite).
Ici, avant la Grande Inondation de 1958, se dressait un phare de signalisation maritime. Ce bloc de 4 mètres de haut en est la base. À côté gisent écroulées les autres pièces du monument, trop grosses pour les photographier sans lentille grand angle.

Les escaliers -nous en trouverons quatre- menaient à sa base, et à différents bâtiments qui le voisinaient.
J'adore trouver des escaliers sous l'eau... Leur fonction disparue, il deviennent, je trouve, des objets symboliques, surréalistes. Comme si leur absurdité nouvelle dans ce monde d'apesanteur les transformait en élévateurs de conscience, outils alchimiques...








Près des structures englouties, nous trouvons quantités de souches énormes, vestiges des temps où les grands ormes poussaient et accueillaient sous leurs branches des amoureux qui gravaient leur amour dans leur bois.






Le reste de la dérive se fait sans plus de découvertes.
Mais dans le bonheur profond d'être doucement porté dans les bras de l'Océan.
Parce qu'il n'y a pas 5 océans, comme on nous l'a appris.
Il n'y en a qu'un.
Planétaire.
Et le Fleuve lui appartient.
S'il pouvait parler, ou plutôt si nous pouvions l'entendre; il dirait sans doute: ''Ce que vous faites au plus petit d'entre vous, c'est à moi que vous le faites...''

Puis, à regret comme d'habitude, il faut bien remonter éventuellement.
Le Little Diver aperçoit de loin notre bouée de signalisation envoyée durant le palier et vient nous cueillir.


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Le soleil est chaud, et si bon.
Ron achève une sieste dans le Little Diver, et nos amis plongeurs sont partis. Nick et moi discutons sur le pont en observant les garderies d'outardes promener les rejetons de l'année par dizaines sur les pelouses de la marina.
Nous attendons les prochains plongeurs, pour la deuxieme immersion.
Soudain, la radio crache ''Mayday, mayday, mayday'' dans une pluie de parasites et de craquements.
Ron répond.

Un bateau, à un mille d'où nous sommes, prend l'eau.
Les passagers demandent de l'aide, vite.
Nous y allons, apparemment les seuls à avoir eu le contact. Le Little Diver n'est pas très rapide, mais Ron connaît le fleuve comme personne. Nous les rejoignons bientôt, alors que le vent se lève.



Le bateau penche de l'arrière et tribord. Nick et moi sautons à bord et l'attachons au Little Diver.
Les trois occupants, américains, n'ont rien pour écoper, et les pompes ne fonctionnent plus. Il y a un bon pied et demi d'eau dans la cale, le moteur et les systèmes électriques sont submergés.
Nous nous mettons à écoper comme des malades!
Puis, Nick trouve l'entrée d'eau: un joint du système de refroidissement a ouvert.
Quelques tours de duck tape, et le travail d'écopage commence à payer! Le bateau ne coulera pas.
(Dommage, ne puis-je m'empêcher de penser: il aurait fait une belle épave!)
Ron a rejoint les coast guards américains, qui rappliquent.
Ils ramèneront leurs compatriotes chez eux.



Le vent se lève vraiment maintenant, et l'orage approche.
Il nous volera notre deuxième plongée...
Nous rentrons à la marina.




De toute façon; il semble que le bateau ait un petit problème. Impossible de faire marche arrière. L'orage passe, le temps se calme un peu, Ron nous demande d'aller voir en-dessous ce qui se passe et d'improviser peut-être une réparation.
Cool! On replonge!
Mais le problème nécéssitera de sortir le Little Diver de l'eau...Impossible de réparer sur place.

Nous quittons notre capitaine et ami un peu plus tard, espérant que le rétablissement du bateau sera prompt...
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Mayday!
Cette fois; l'appel de détresse vient de la terre, pendant que nous roulons vers chez nous.
Une chélydre serpentine, la plus préhistorique de nos tortues, demande assistance routière!
Elle est au beau millieu de la route 2, et essaie d'impressionner le trafic.




C'est drôle, une tortue qui fait l'dos rond!!!
Je savais qu'on appele cette tortue Snapping Turtle en anglais. Mais je n'aurais jamais cru qu'elle pouvait ''snapper'' aussi vite!
Quelques précautions s'imposent donc pour la ramener près du marais. Ni Nick ni moi ne savons s'il est possible de la prendre par la carapace sans se faire mordre, et ni lui ni moi ne désirons vérifier!
Voici donc les outils nécéssaires à toute assistance routière pour chélydre.




Les palmes font une pelle et un repoussoir adéquat, et la bâche du plongeur un excellent sac.




Et nous avons pu vérifier l'efficacité de nos techniques comme il faut: quelques kilomètres plus loin, une autre serpentine demande de l'aide!!!







La première sortie explo du Little Diver en 2011 n'aura pas été ordinaire!
Et c'est comme çà qu'on les aime.

Sea ya dudes!
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P.S: Juste parce que j'ai trouvé les infos suivantes assez intéressantes, en faisant des recherches pour ce que vous venez de lire, je vous les copie.

Mayday est une expression utilisée internationalement dans les communications radio-téléphoniques pour signaler qu'un avion ou qu'un bateau est en détresse. Son usage est prescrit par la Conférence de Washington de 1927 de l'«International Radio Telegraph Convention» et applicable depuis le 1er janvier 1929. Le mot est une déformation volontaire anglophone de la phrase française : « venez m'aider ! »[1]. Lors d'une détresse, il doit être répété 3 fois.

SOS est l'interprétation en code Morse du signal de détresse et de demande d'assistance immédiate utilisé depuis le 3 novembre 1906, · · · — — — · · · ; par extension le sigle « SOS » est utilisé comme nom mnémotechnique de ce signal.



En radiotélégraphie, ce signal est en principe envoyé sur la fréquence internationale de détresse, à savoir 500 kHz (correspondant à la longueur d'onde 600 mètres).


Le signal radio original de détresse était « CQD ». Proposé par Guglielmo Marconi et adopté en 1904, le « CQ » était un préfixe général demandant l'attention, suivi d'un « D » pour distress. Le « CQD » était souvent lu comme « come quick, distress » (« venez vite, détresse »). Ce signal n'a pas survécu longtemps ; à la conférence internationale de Berlin, le 3 novembre 1906 le standard allemand « SOS » était adopté[3], choix officiellement ratifié en 1908. Le signal « CQD » resta utilisé encore quelques années, surtout par les opérateurs britanniques qui l'avaient proposé initialement.



Le premier sauvetage suite à un signal de détresse radio fut, en janvier 1909, celui de 1 500 personnes après la collision du Republic et du Florida, récupérées par le Baltic après réception du message CQD. Le SOS fut utilisé peu après (en conjonction avec le signal CQD), pour l'une des premières fois, par les opérateurs radios du paquebot Titanic, lorsque ce dernier heurta un iceberg le 14 avril 1912. Un des films consacrés à l'histoire du paquebot s'appelle d'ailleurs S.O.S. Titanic.

-Wikipedia

5 commentaires:

Marcelle Bastien a dit…

Les escaliers submergés...élévateurs de conscience...outils alchimiques...

Belle poésie qui appelle parle à mon imaginaire.

Dive Diva a dit…

Porter secours aux créatures en détresse, sur l'eau et sur la terre, c'est tout à votre honneur.

Renata a dit…

Encore une fois je suis totalement flabbergastée.

Non seulement tes textes sont-ils intéressants, drôles et instructifs, mais tu y ajoutes une touche de romantisme...

Un plaisir renouvelé de te lire.

Nathalie C. a dit…

Oh wow, que c'est bon de lire tes histoires!
N'arrête jamais, car il nous faudra crier:
"Mayday! Mayday! Mayday!"

Anonyme a dit…

MayDay....
Un titre intéressant pour une toile dans les lignes de "la mer meurt"
Un texte; une toile. Des textes, des toiles, un livre avec une ligne directrice qui rejoindrai le monde dans le Monde
Louis