vendredi 8 février 2013

DEEP BLUES...


On dit que la mémoire la plus longue est celle de l'odorat. Pourtant, une empreinte sur les sables de mon esprit refuse de s'effacer doucement, comme toutes les autres, sous le ressac incessant des jours, et elle n'est ni parfum ni encens...
C'est une texture.
Mais j'en ai le souvenir si présent encore qu'elle serait hurlement si je pouvais l'entendre, éblouissement si je pouvais la voir.
Et elle goûte salé.
Peut-être est-ce pour cà qu'il est si vivant encore, cet artefact : il relève de tous les sens, refuse de n'être le fils que d'un.

Là-bas, dans les labyrinthes des rivières sous-terraines, au royaume de Chaak, j'erre encore sans besoin d'air, libre dans la noirceur comme ces damas blancas qui nagent aveugles dans les ténèbres et trouvent leur chemin.
Les yeux fermés, voilés, le monde apparait quand même.

Je frôle les stalagmites et les grandes colones et mon souvenir se ravive.
Elles ont la texture à la fois douce et légèrement rugueuse de la peau longtemps baignée dans la mer.
Comme si elles suaient le sel.
C'est ce souvenir qui ne me quitte plus...
Les cavernes sont vivantes, vraiment. Ce n'est pas une image. Nous ne nous doutons pas...Je ne soupçonnais pas...
Elles sont bien plus qu'un dédale de pierre décoré.
La fine peau opalescente des milliers de formes sculptées recouvre un être qui respire à un rythme différent, mais réel.

Ce monde blanc pulse dans le noir du voyage de mémoires millénaires comme un sang épais dans ses artères albâtres.

Et cette première impression de n'être rien dans ma fugacité devant pareil monument intemporel est fausse.

Aussi bref que puisse être le souffle de mon corps, je suis quand même son fils.

Je ne t'oublie plus.
Je te reverrai.
Je te retrouverai, et un jour je resterai.




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Bon...Que voulez-vous!

J'ai réellement ce souvenir de la texture des stalagmites et des stalactites encore frais au bout des doigts! Ça ne me lâche plus!
J'ai toujours le blues, quand je reviens de voyage et de plonger. Mais cette fois c'est borderline insupportable!...J'donnerais très cher pour pouvoir y retourner. Je me souviens hyper-clairement de certains coins des cavernes...Dans Tux, nous traversions une des salles énormes qui s'y succèdent. J'étais monté un peu dans la colone d'eau, pour voir par-dessus une tablette de calcaire.
Il y avait un tunnel, encadré de stalactites, qui commencait là. Je pouvais voir plus loin un élargissement, puis la continuation du passage en successions de petites chambres.
Je donnerais tout pour y retourner, aller voir ce qu'il y a au bout...

Il y avait partout de ces embranchements vers l'inconnu. Si attirants...
Un jour...............
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Mon plan, pour mes deux semaines au paradis, était le suivant: d'abord suivre la formation de plongée-spéléo. Puis, visiter au moins deux cénotes.
Le premier, Pet Cemetery et son Blue Abyss, fut à ma supreme joie inclus dans les parcours de la formation.
Le deuxième: Zapote, plus connu sous le nom de Hell's Bells, près de Puerto Morelos. J'avais déjà réservé un guide, et j'allais enfin voir ces formations calcaires étonnantes en forme de cloches l'avant-dernière journée.
J'avais réservé avec la même boutique à Playa Del Carmen une sortie de plongée en mer, pour rencontrer les requins bouledogues qui passent l'hiver devant la petite ciudad.

(C'était avec PHOCÉA, des gens bien sympathiques, français, que mon chum Sly avait connus l'été passé.)
Mais il n'en fut pas ainsi!

J'ai peut-être négligé un peu mes goutes pour prévenir les otites, pendant la durée du cours.
Et j'en ai payé le prix par deux solides attaques simultanées, que même les médicaments locaux n'ont pu guérir à temps.........
Alors adieu Zapote, et adieu mes requins!

Je vous montre un peu ce cénote fantastique, pendant que je me sèche quelques larmes!...



(Les vidéos de Steve Bogaerts sont hallucinants... pis ça n'arrange pas mes larmes!!!)

Au sujet des otites: un fait inquiétant. Elles sont maintenant de plus en plus répandues au pays des cénotes. Mon pote Wayne et Bruce le barman m'expliquaient là-bas pourquoi, d'un air triste.
Tout ce coin du Yucatan est un plateau de calcaire perforé de grottes comme un vaste fromage gruyère. L'aquifère, la nappe d'eau douce et potable, les inonde.
Le mexique se développe, le tourisme augmente, les grands hotels se multiplient. Et avec eux grandit le probleme des eaux salies. Le terrain poreux calcaire n'est pas un bon filtre pour les eaux usées. Elles doivent être traitées avant d'être retournées à la terre. Mais évidemment, l'économie locale ne permet pas ces traitements modernes et dispendieux. Pas assez.
Et ces eaux retournent aux cénotes chargées de bactéries qui n'y étaient pas...

Il en va donc de ce trésor pour l'humanité que sont les grottes englouties comme de la mer, comme des rivieres et des lacs: nous les salissons et les tuons elles aussi...

Bruce concluait en disant à voix basse que c'est maintenant qu'il faut les plonger, les cénotes...
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Et les requins maintenant!
Vous vous rappelez ce billet sur AQUADELIC? :

http://aquadelic.blogspot.ca/2011/01/un-imbecile-heureux-massacre-lentiere.html

Un pêcheur de Puerto Morelos qui avait tué une population entière de requins bouledogues à Playa.
Eh bien il continue...
Cette année encore, il est venu à bout des requins de Playa. Mais tout récemment, les gens de chez Phocea en ont retrouvé d'autres, et les plongées pour voir les bulls continuent.
Mais jusqu'à quand?
Les nouveaux poissons seront-ils aussi victimes du pêcheur, une fois que leur emplacement sera plus connu?
Ou le pêcheur finira-t-il par être victime lui-même d'autres prédateurs?
Beaucoup de pesos sont en jeu dans cette industrie de l'exploitation des requins autant pour le tourisme  qui les utilise via les charters mexicains que pour les ailerons et la soupe asiatique................
Et comme Alexis à Akumal me le disait: on joue dur, dur, à Playa...
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Je vous laisse sur quelques photos pêle-mêles.
Un peu de bleu (vous n'imaginez tout-de-même pas que je ne me suis pas au moins fais quelques apnées?!), de la dolce vita, quelques vieilles pierres hors de l'eau.
Oh!: et oui, j'étais sérieux plus haut.
Les cavernes, elles vivent...

















Les suivantes, superbes, sont de Nikkie!


















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