dimanche 21 avril 2013

LE POULET ET LA TORTUE


Le pélerinage annuel à Deadman's Bay, Kingston, pour plonger avec les tortues géographiques qui se réveillent lentement de leur sommeil hivernal.
Faut y tenir un tantinet: c'est 8 heures de voyage aller-retour pour quelques trempettes dans l'eau encore très froide autour de 40 dégrés F!

Mais constatant une tendance au jaunissement uniforme et à la décoloration de mon teint, je m'inquiete d'être, tel une plante d'ornement, sujet à une carence en azote.

Je me lève donc à cinq du mat, pimpant et guilleret dans l'âme mais hésitant et incoordonné comme un zombie mal chaussé dans le corps, et me cafféine big time tout en essayant d'appliquer un neurone et demi à réunir mon stock.

Six heures sonnantes: je frappe la route, Jacques.

Et je suis bientôt aussi frappé que le dit chemin de constater que c'est bien le printemps, cette fois, et que l'air est empli d'oiseaux de toutes sortes, de retour de leur voyage d'hiver dans l'sud, démontrant ipso facto leur nette supériorité cervicale sur l'aboutissement évolutif que nous croyons être.
Mainates, carouges, quarante-douze sortes de canards, goélands, merles, oies blanches et outardes.




Et même un paquet de vautours, qui ont l'à-propos d'apparaître alors que Gloria Gaynor entame à la radio son senti I Will Survive.

Je ne peux plus entendre cette toune-là sans voir Gloria dans ma tête, dans toute sa Glory, chanter avec autorité en me fixant de son grand oeil unique d'extra-terrestre...


Oh no not i, i will survive!

Arrivé sur la 401, je me prépare mentalement à trouver ça long.
Mais Dame Nature, cette vieille matante foquée et irascible, m'envoie un petit squall éclair pour me désennuyer...


Les lumières baissent...



Et s'ensuivent rafales de pluie, grêle et neige...
Fun.

J'adore ce pays.

En même temps que mon enthousiasme, mon gauge à gaz a baissé. Je dois donc faire boire ma monture.
La prochaine restaria est dans 10 kms.

Le mot ''restaria'' n'en est premièrement pas un, et encore moins issu du latin signifiant paquet de restaurant pis de garages pis de toilettes publiques.
C'est, chers compatriotes francophones, un mot angliche et même deux. Rest Area. Quoi que je n'ai jamais vu personne s'y étendre à terre et dormir sauf à trois du mat.
Alors je trouve assez pittoresque et représentatif de la nature humaine tordue que nous employions ici ce québéconéologisme, et que nos anglophones voisins utilisent eux On Route!...



Un peu plus tard, le long de cette interminable dite-route, je résiste à l'envie d'arrêter dans un dépaneur et de demander qui est le président des États-Unis ces jours-ci.
Alors je me perds dans des considérations géologiques en admirant les falaises de coupures d'autoroute, cherchant des signes de quelques marbres ou calcaires et rêvassant de découvertes de cavernes sous-marines.




En voici une jolie, de coupure d'autoroute, pour mon cyberpote Henri.
Aux alentours de Brockville. C'est quoi, ces assemblages de légos?



Mais, vous inquièterez-vous, va-t-il en venir à la plongée et aux tortues, bordel de merde?

Eh bien, je suis finalement arrivé à Deadman's Bay, rejoint par mes autres potes Christian Rémillard, Laurent et Karine Fey.
Mais il vente à écorner les lions.
(Ne me dites pas que les lions n'ont pas de cornes, ça vous évitera de vous rendre compte en le disant de l'évidence qu'il peut donc venter à écorner les lions)
Nous nous mettons à l'eau tout de même, pour constater qu'on y voit à deux pieds max!!!
Alors pour les photos: ce sera pour une autre fois, foule en délire.
Et en plus: j'ai bien failli ne plus jamais vous en montrer, de photos! Lors d'une des entrées à l'eau très disgracieuses, battus par les vagues dans les rochers, ma caméra s'est à mon insu barrée...

Pour être retrouvée un bout de temps et quelques sacres plus tard, par Christian!



Elle ne veut pas mourir, ma vieille Canon totalement désuete et dépassée!... Et son caisson est si égratigné et usé qu'il m'est à peu près impossible de me fier à l'image de l'écran! Mais je lui dois entre autres toutes les photos sur AQUADELIC depuis sa création il y a cinq ans maintenant.
(Tonnerre d'applaudissements!)
Et un jour, lorsqu'elle rendra son âme de métal finalement, je ne la jetterai pas. Elle ira enrichir mon petit musée de bricoles aquatiques et de scuba-mémorabilia.




Alors voila. Deux quand même super intéressantes plongées, avec deux bin bons mecs.
Il n'y a jamais de plongées ratées. Juste des opportunités d'expérience.
Un bon log book, je le dis toujours, c'est pas le nombre d'immersions. C'est le temps de fond, et surtout la variété des expériences.

Merci Christian pour cette dive, et pour ma caméra!
Merci Karine et Laurent, pour votre présence malgré un si long voyage depuis Québec. J'aurais bien souhaité que vous puissiez mieux les voir, mais on a quand même réussi à en trouver de belles grosses, de tortues!
_________________

Pour en voir quand même, des images de ces belles géographiques, voir ICI



Peace.



2 commentaires:

Nathalie C. a dit…

EXCELLENT TEXTE!!!
As usual!
Les phrases qui m'ont fait rire sont beaucoup trop nombreuses pour être répétées ici, mais maudit que you have a way with words!!

Henri Lessard a dit…

Bonjour Jean-Louis,

Je réponds à ta question avec deux mois de retard et le rouge de la confusion au visage. Sans parler du rouge de la honte...

Brockville est près du contact Bouclier canadien / plate-forme du Saint-Laurent. D'après la couleur, les roches rouillées que tu as photographiées sont des grès de la plate-forme. M'étonnerait que ce soit du calcaire, sauf, peut-être, les lits supérieurs gris.