lundi 21 juin 2010

250

Y'a rien à voir dans les lacs.


Surtout ceux qui sont rocheux et clairs, oligotrophes dit-on dans les livres qu'on ne lit pas, des lacs jeunes, en termes d'âges géologiques...
Profonds et froids, leurs falaises plongent vers des abîmes noirs.
Mais ces tombants sont aussi des tableaux d'école ou le Maître-Temps a écrit ses formules, les murs du tombeau de l'Histoire de la Terre, ou les hiéroglyphes racontent en silence sa jeunesse débridée par tranches de millénaires.


Palmant lentement devant ces siècles figés, la fantaisie lit mieux ce qui déroute la trop jeune raison. Les formes de la roche engendrées d'inimaginables tourments de fusions, de pressions et de contraintes, deviennent des bottes italiennes ou des notes de musique...



Des canyons et des mesas en modèles réduits...



Les cassures révèlent des sous-bois pétrifiés...



 Des pans de rocs entiers effondrés n'ont laissé derrière que le sang durci des veines de fer qui les séparaient.

Et sur l'âge de pierre se sont fixés des formes de vie qui partagent leur lenteur, apprécient leur force tranquille.
De l'accumulation de la poussière des saisons jaillissent de minuscules fils translucides, couronnés de micro-tentacules.
Le limon est creusé de sillages témoins du passage d'êtres que nous ne verrions peut-être que la nuit.
Et les éponges respirent et soufflent  l'eau verte et riche, imprimées elles aussi du dessin de leur évolution.









Y'a rien à voir dans les lacs...




Plus haut, lorsque le corps réclame un peu de chaleur et qu'on doit quitter les profondeurs glacées, les potamots décorent en bouquets les arrangements paysagers que visitent les bancs de crapets-soleil.
Ici, la vie est plus riche, plus complexe, comme elle l'est toujours là ou pénètre sa suprême nourriture, la lumière...







Y'a rien à voir dans les lacs, comme partout ailleurs si on ouvre pas les yeux et que ce soit à la lumière de l'imagination, de l'émerveillement et de la poésie qu'on lise ce qui est écrit...



Lac Joly, deux jours avant le solstice d'été 2010 et la 250ème publication d'Aquadelic, que vous venez de parcourir...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Superbe photos, quel couleur!!!
Texte intéressant
"On vois bien, ienqu'à voir que quant'y fa noir on voi rien"
J'ai les yeux ben grand ouveet et j'adore particulièrement la première et les 4 derniers....

Louis

Marina Kowalsky a dit…

Touchée par les photos,

Touchée par ta prose !

Woahhhh!!!

Anne et Corentin a dit…

J'ai essayé avec mes lunettes, sans mes lunettes, avec mes lunettes de soleil, sans....mais y'a quoi à voir?????
Des belles photos c'est sûr!!!
J'adore la pouaizi qui va avec!!!

Anne

Nathalie C. a dit…

Ouep, Rien à voir...

C'est comme les océans, vus du dessus, par les yeux des hommes qui ne se mouilleront jamais.
Vus d'un belvédère ou de la plage;
vus par le hublot d'un avion ou du pont d'un bateau.
Que des vagues et du plat à perte de vue.

Mais parlant de poésie, comme le disait si bien le film "Dead poets society": parfois, il suffit de changer notre perspective pour voir et comprendre la vie d'une toute nouvelle façon.

Un simple masque, on se glisse sous la surface et on bascule dans un tout nouveau monde, comme sur une autre planète!

Rien à voir? Si la beauté n'est rien, alors il n'y a rien à voir...

Eille! Bon 250ième!!

Peekaboo!

Renata a dit…

Rien à voir...

Y a pas plus aveugle que celui qui ne veut rien voir.
On peut voir sans regarder,
On peut regarder sans voir,
Parfois les yeux tous seuls ne suffisent pas, il suffit d'y ajouter un peu de coeur.

Bon anniversaire ! Félicitations !

Renata