mardi 5 mai 2009

Plongée d'épave-Part tou et 1/2


Le USCG DUANE.
Coulé par 120 pieds sur un banc de sable à un mille au sud de Molasses Reef et fréquenté entre autres par les requins marteau lors de leur migrations, le Duane est un peu plus petit que le Spiegel Grove mais plus beau, je trouve...
Au fond depuis plus longtemps, il est abondemment recouvert de coraux.
Et son "crow's nest", -poste de vigie- j'imagine, est hyper photogénique!

Il vente toujours cette journée-là, et nous arrivons sur le site avec la moitié des passagers verts pales, comme ce fut le cas à chaque jour!
Ma théorie pour éviter le mal de mer est que l'on doit se pratiquer à tanguer des le plus jeune age, par l'absorbtion de grandes quantités de rhum et de bière.
Brice et moi fumes frais comme des roses et ready to rock and roll chaque matin!
Un pas de géant à la poupe (et avec la vague qu'il y avait, c'était vraiment un pas de géant souvent!), et nous descendons dans ce bleu profond indescriptible.

Je ne connais rien de plus ennivrant que d'etre enveloppé progressivement d'un bleu de plus en plus dense, de sentir le poids grandissant de l'eau au-dessus de soi, d'entendre s'assourdir le bruit de sa respiration, de sentir son coeur ralentir et s'ajuster au rythme d'un autre monde ou tout est murmuré comme un désir secret, comme l'ondoiement des sirènes mimant les danses des salles de bal englouties.
Et de voir apparaitre alors ce qui n'est une épave que pour ce monde que l'on a quitté, et qui est ici plus au départ d'un long voyage qu'à sa fin...







Une langouste nous attend sur le pont, arrivée là Neptune seul sait comment, et pianote l'eau de ses antennes comme une opératrice fébrile dans un film des années 50.


Le Crow's nest


Un banc de poisson descend vers l'abysse en longeant la coque









Brice, suspendu, cherche de l'objectif les compos infinies du Duane



Je contourne ce qui, je crois, est le poste de pilotage, et tombe nez à nez avec le Capitaine! Un mérou Goliath gigantesque qui fait certainement dans les 300 lbs!
À mon tour de gueuler dans mon détendeur pour que Brice me rejoigne et voies cà! Et par le temps que je réagisse du diaphragme; la bete se retourne et entre dans les profondeurs de métal pour ne plus en ressortir...
Voici donc ... la queue d'un très, très gros grouper!!!





Le crow's nest est habité en permanence par les grands barracudas, ondulant paresseusement dans le courant faible cette journée-là, mais qui dit-on peut etre très violent parfois.



Je n'ai pas trafiqué les photos. Je veux dire que j'aurais pu les photoshopper plus contrastées, plus claires. Mais je trouve qu'ainsi, elles transmettent mieux le silence, la profondeur, le chant des fantomes...


La plongée n'est pas longue, meme si le temps est distortionné...Avec la remontée le long du cable fixé à une cheminée reviennent la légereté, la fébrilité, la superficialité d'un monde trop agité. Et j'ai l'impression que se détachent en lambeaux des parties de mon ame, qui redescendent en ondoyant, se changeant en spectres bleus souriants, et soufflant avec leurs dernieres paroles alors que se ferment à jamais leurs yeux inutiles que nous nous reverrons quand j'ouvrirai les bons...

2 commentaires:

Dive Diva a dit…

Le lyrisme est au rendez-vous. Quelle belle évocation.

Anonyme a dit…

Oh wow, quel beau texte....
Je suis full zen, juste à te lire!

Minipède